Travaux d’intérêt général : le procureur de Montpellier appelle au "réveil des campagnes"
“Avec 110 matelas au sol à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone”, le procureur de Montpellier, Fabrice Bellargent appelle à un sursaut collectif pour faire des TIG une réponse pénale dans l'ensemble du département.
Aujourd’hui, il alerte sur le déséquilibre dans l’accueil des travaux d’intérêt général (TIG) entre villes et campagnes. Car si dans les grandes villes comme Montpellier et Béziers, les TIG s’intègrent efficacement (embellissement urbain, soutien associatif, réparation du lien social…), dans les zones rurales, la mise en place reste timide.
Pourquoi les TIG sont-ils une priorité dans votre approche de la justice ?
Les TIG offrent une réponse pénale efficace en limitant le recours à l’incarcération, qui doit rester une solution de dernier recours. Ils permettent aux condamnés de réparer une partie du préjudice causé, tout en restant insérés dans la société. Avec la saturation des prisons, où 110 détenus dorment sur des matelas à Villeneuve-lès-Maguelone, ces condamnations sont des alternatives concrètes et utiles.
Quelles sont les principales difficultés dans la mise en place des TIG ?
Les freins sont souvent d’ordre politique ou logistique. Certaines communes hésitent à s’engager, par peur de la visibilité des condamnés travaillant dans l’espace public. D’autres se heurtent à une absence de moyens pour encadrer ces personnes, notamment à cause de réticences des services techniques municipaux. Dans les zones rurales, le problème est aggravé par l’éloignement et le manque de postes à proximité pour les condamnés, souvent sans moyens de transport.
Quelles solutions proposez-vous pour encourager les communes, surtout rurales, à s’impliquer ?
Nous avons mis en place des formations et des journées d’accompagnement pour les responsables municipaux, afin de les aider à comprendre comment gérer les TIG. À Montpellier, cela a permis de renforcer la coopération entre les services municipaux et les acteurs judiciaires. Nous devons encourager les associations et les entreprises travaillant pour le secteur public à offrir davantage de postes, notamment dans les zones rurales où les besoins sont criants.
Quelles avancées avez-vous constatées et quelles perspectives reste-t-il à explorer ?
Des progrès notables ont été réalisés dans les grandes villes, où l’offre de postes de TIG est devenue suffisante. Cependant, dans les campagnes comme les Hauts Cantons, l’écart reste important. Il est essentiel de continuer à sensibiliser les élus locaux pour qu’ils comprennent que les TIG ne sont pas seulement une sanction, mais un moyen de renforcer la solidarité locale tout en répondant à des besoins concrets.
Quel message souhaitez-vous faire passer aux élus qui hésitent encore ?
Que les TIG sont une chance pour tous, mais leur mise en œuvre repose sur une mobilisation collective. Il faut du courage politique et une coopération réelle entre élus, services locaux et justice pour offrir cette opportunité à ceux qui en ont besoin.