Trois hommes devant les Assises de Montpellier pour le meurtre d’Ayoub, tué sur l'île de Thau
Ayoub A. a été assassiné par balles au volant de sa voiture, dans la soirée du 24 avril 2020 sur l’île de Thau, sur fond de trafic de stupéfiants. Très rapidement, trois individus avaient été mis en examen. Ils seront jugés à partir du lundi 27 janvier à la cour d’assises de Montpellier.
Trois hommes, tous originaires de Sète, feront face aux juges et aux jurés de la cour d’assises de Montpellier à partir du lundi 27 janvier. Le principal prévenu, Abdelkrim Challam, 36 ans aujourd’hui, est poursuivi pour avoir tué Ayoub A. le 24 avril 2020 sur l’île de Thau, avenue Antoine de Saint-Exupéry. Des faits qu’il a reconnus, alors qu’il s’était présenté de lui-même à la police dès le lendemain.
Deux autres hommes, son petit frère Sophian de 24 ans et Nordine Souas, sont aussi poursuivis, notamment pour port prohibé d’armes, tentative d’homicide ou violences volontaires avec arme.
Un meurtre filmé
Vers 21h30 ce jour-là, en plein confinement et au milieu du Ramadan, une dizaine de coups de feu sont entendus à proximité des arches de la résidence Le Globe. Des appels font état d’une BMW grise arrêtée au milieu de la chaussée, d’une personne inanimée et de la fuite de trois individus, lourdement armés et auteurs des coups de feu. Arrivés sur place 15 minutes plus tard, les policiers ont constaté un attroupement d’une centaine de personnes autour du véhicule et ont trouvé le corps sans vie d’Ayoub A., dont le décès est constaté par un médecin.
De nombreuses douilles sont retrouvées sur place. L’enquête de police permet d’identifier trois armes, dont un pistolet mitrailleur Skorpion et un pistolet semi-automatique. La victime serait décédée de coups de feu tirés très proches.
Des vidéos, largement relayées sur les réseaux sociaux à l’époque, montrent un premier homme qui s’approche de la voiture, insulte le conducteur et tire avec une arme. Un deuxième homme, capuche sur la tête, porte de nouveaux coups de feu sur le jeune homme de 21 ans qui était au volant de sa BMW, tandis que le passager avant droite prend la fuite. Entendu par la police, ce dernier assure être myope et ne pas être dans les capacités de reconnaître le tireur.
Qui est le deuxième tireur à capuche ?
Abdelkrim Challam, qui s’est rendu de lui-même à la police, a reconnu être le premier homme qui a tiré sur Ayoub A. Dans ses auditions, il a expliqué avoir agi par peur alors que la victime était armée et le menaçait depuis plusieurs années.
Alors plusieurs témoignages et enquêtes de voisinage ont désigné les frères Challam comme étant les deux tireurs, l’aîné, 31 ans à l’époque, a assuré que le second tireur ne pouvait pas être son petit frère Sophian, 19 ans au moment des faits. Depuis sa garde à vue, ce dernier nie aussi en bloc être l’homme à capuche et assure qu’il s’agit de Nordine Souas, connu des services de police sous le surnom de “Nono, caïd de l’île de Thau”.
Sophian Challam a avoué à plusieurs reprises lors de l’enquête qu’il revendait des produits stupéfiants pour le compte de cet homme et qu’il était son “protégé” dans le cadre de ce trafic. Des déclarations que conteste Nordine Souas.
L’homme de 34 ans a reconnu s’être battu avec un autre homme quelques minutes avant les coups de feu mais il a assuré qu’il n’a rien à faire avec le meurtre. Il a affirmé avoir reconnu Sophian Challam sur la vidéo que lui ont présenté les enquêteurs.
“Mon client conserve sa position depuis le début : il est étranger non seulement aux coups de feu à l’égard d’Ayoub A. mais tout autant étranger à de quelques violences avec arme commises ce soir à l’égard de quiconque. Il a ainsi bénéficié d’un non lieu et pour le reste il s’expliquera devant ses juges”, indique son avocat, Me Jean-Baptiste Mousset.
Règlement de compte sur fond de trafic de stupéfiants ?
La victime, Ayoub Anajjar, surnommé “Poisson “, était déjà connu par les services de police notamment pour des faits de participation à une association de malfaiteurs, de trafic de stupéfiants, de transport d’arme et de meurtre en bande organisée.
Le meurtre pourait donc être la conséquence de heurts qui auraient eu lieu durant toute la journée entre deux bandes rivales sur fond de trafic de stupéfiants, dont des coups de couteau sur un homme dans l’après-midi au centre commercial Auchan de Sète et une violente bagarre sur les lieux du crime quelques minutes avant les tirs.
À la question de savoir pourquoi ces tirs ont fusé, le passager avant de la BMW, témoin du crime, a répondu pendant l’instruction : “Honnêtement pour rien, juste qu’ils ne s’aimaient pas depuis des années et qu’il a eu des regards et des paroles.“
Suivez le procès à partir du lundi 27 jusqu’au vendredi 31 janvier sur Hérault Tribune.