UEMA de Grabels : "Tous les enfants autistes devraient avoir accès à des écoles comme ça"
Six ans après l'ouverture de son Unité d'enseignement maternelle autisme (UEMA), la Ville de Grabels dresse un premier bilan très positif : 65% des enfants scolarisés ont suffisamment progressé pour poursuivre leur cursus scolaire.
Depuis 2018, l’école Jean-Ponsy de Grabels s’est dotée d’une UEMA, une structure pour scolariser des enfants atteints d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) en milieu ordinaire. Complètement intégrés avec les élèves de maternelles, sept enfants autistes âgés de 3 à 6 ans sont accompagnés chaque année par une équipe pluridisciplinaire. Et les résultats sont probants : “les deux tiers poursuivent leur scolarité en milieu ordinaire, avec des dispositifs particuliers pour certains d’entre eux, explique Véronique Pawlak, leur enseignante, et un tiers sont pris en charge dans le médico-social ensuite car ils ont des troubles trop envahissants”.
“On peut adapter pour chaque élève les efforts qu’on lui demande“
“Si ça marche, poursuit Véronique Pawlak, c’est parce qu’on a les moyens de travailler pour le bien-être de ces enfants. On est nombreux, on est professionnels et on s’adapte à leurs besoins réels”. Pour cela, une équipe médico-sociale composée d’éducateurs, d’une psychomotricienne, d’un orthophoniste, d’un psychologue travaille avec l’enseignante spécialisée. “Cela nous permet une observation fine de leur état et on peut adapter pour chaque élève les efforts qu’on lui demande. Ils évoluent tous différemment. Nous devons les aider à gagner en autonomie, à comprendre le monde qui les entoure et ses règles et leur donner les moyens de poursuivre une scolarité en classe ordinaire”.
C’est en incluant la famille et la vie à la maison que tout cela est possible. Ainsi, matin et soir, les éducateurs viennent chercher et déposent les enfants chez eux et peuvent faire le bilan de la nuit et de la journée avec les parents. Aghiles, le fils de Mustapha Mostefaoui est aujourd’hui âgé de 7 ans. Il a fait l’UEMA de Grabels et est aujourd’hui scolarisé. “Il n’aurait pas eu le parcours qu’il a sans cette structure. Aujourd’hui, il parle car tout a été mis en place pour le faire évoluer sur la communication. Et pour les parents, c’est une grande aide dans la gestion de tous les rendez-vous médico-sociaux puisque là, tout est centralisé. Tous les enfants autistes devraient avoir accès à des écoles comme ça. Ca crée de l’apaisement pour toute la famille et ça participe aux progrès des enfants”.
“On éduque aussi nos enfants à côtoyer des enfants différents“
Pour mettre en place ce dispositif inclusif, l’éducation nationale travaille avec l’ARS, qui finance à hauteur de 300 000 euros par an, ce qui comprend l’équipe de professionnels mais aussi les infrastructures de la salle dédiée comme les plafonds plus bas, l’insonorisation et les brise-vue sur les fenêtres. A Grabels, l’association Adages a été choisie pour être le gestionnaire de l’unité sur son aspect-médico-social. “Pour intégrer cette structure à 3 ans il faut avoir été diagnostiqué, précise Christophe Fanguin, directeur de l’IME Les Oliviers de l’Adages. Nous sommes pour cela en lien avec les équipes spécialisées du CHU. Il faut savoir qu’à Montpellier aujourd’hui, le diagnostic se fait autour de 18 mois.”
Le département de l’Hérault compte aujourd’hui six UEMA, à Mauguio, Grabels, Carnon, Béziers, Marseillan, Sauvian et une septième ouvrira bientôt à Lunel. “Je prévois d’en ouvrir d’autres, explique Catherine Côme, directrice académique des services de l’Education nationale de l’Hérault. Le but est d’essaimer ce type de dispositifs sur le territoire. En faisant cela, on éduque aussi nos enfants à côtoyer des enfants différents et on construit la société inclusive de demain”.