Un si grand Hérault : rencontre avec Claude Cazes, “le Forrest Gump français”
Si le visage de Claude Cazes a gagné en visibilité, c’est sous le titre de “Forrest Gump français” que l’homme s’est forgé une réputation digne des plus grands. On vous emmène sur la piste d’un Biterrois pas comme les autres, dans les pas d'un grand cœur aux jambes puissantes…
Il est de ceux qui se lancent à cœur et corps perdu dans des aventures qui intimident le commun des mortels. Pourtant, l’homme se décrit simplement, comme “un père”, laissant à la presse la lattitude de lui accorder surnoms et légendes.
Comment est née l’ambition et surtout l’idée du “Forrest Gump français” ?
En fait, cela vient de mon admiration pour le personnage de Forrest Gump. Ce film, vu par des millions de personnes dans le monde, incarne l’espoir et la bienveillance. En portant l’apparence du personnage avec la barbe et la casquette rouge de Bubba Gump, je veux transmettre ces valeurs d’espoir et de bienveillance.
Comment a évolué votre perception de la course ?
Initialement, je n’étais pas un grand amateur de course, jusqu’à il y a environ quatre ans. Et je pensais être un coureur du dimanche. Après avoir réussi 83 jours de marathons consécutifs sans repos ni assistance, entre la France et la Turquie, je considère maintenant que je suis devenu un vrai coureur. Habituellement, il y a quelqu’un qui est présent ou disponible pour une assistance médicale, psychologique… C’est pas du tout la même chose quand on est tout seul sur la route. Courir seul, sans assistance, a été mon plus grand défi.
Vous êtes revenu de Turquie le 30 décembre. Comment ce dernier challenge s’inscrit dans votre parcours ?
L’accueil chaleureux en Turquie m’a vraiment touché. Le président de la ville d’Adana a officiellement reconnu mes accomplissement, et les médias locaux continuent de parler de mon parcours. Cela me rend fier, mais aussi un peu frustré de ne pas recevoir autant de reconnaissance dans mon pays d’origine. Cela renforce ma volonté d’aider ceux qui sont reconnaissants et qui apprécient mes actions, d’y retourner, même si ce je n’attends rien lorsque je me lance un défi solidaire. Mon projet pour 2024 est d’utiliser cette mise en avant et les rencontres réalisées lors de l’aventure et a posteriori pour récolter un euro par personne. Le résultat peut être astronomique lorsqu’on se rappelle qu’il y a près de 80 millions d’habitants en Turquie. Les fonds ne seront pas dirigés vers des associations, mais directement aux familles des victimes du séisme, pour leur donner la liberté de se reconstruire comme elles le souhaitent.
Et pourtant vous allez toujours chercher plus loin, plus dur…
Il y a l’envie de se dépasser bien sûr. Quand on traverse la France en courant, on rêve d’Europe, l’étape d’après, c’est de viser le Monde. Il y a l’idée de relever un défi exceptionnel, à la fois sur le plan physique et psychologique. Il y a toujours cette volonté d’aller au-delà, de montrer que tout est impossible jusqu’à ce qu’on l’ait réalisé. Cependant, le plus fondamental pour moi est l’aspect solidaire. Chacun de mes défis est lié à une collecte de fonds pour des causes importantes.
Vous vous définissez comme “un papa ordinaire”. Qu’est-ce que vous souhaitez transmettre à vos deux enfants ?
Avec ma compagne, on essaye de les éduquer en leur inculquant des valeurs. La simplicité, l’honnêteté et la solidarité, ce sont des valeurs qui sont très importantes au sein de notre famille. Ça ne fera pas des enfants parfaits, bien évidemment, mais ça fera des enfants qui ont du cœur. Et pour nous, c’est très important. Mon fils semble partager ma passion. En tant que coach et papa, je l’assiste sur son prochain défi. L’année dernière, il a couru un 10 km pour des enfants malades. On avait réussi à récolter de l’argent. Et cette année 2024, il souhaitait faire un semi-marathon, donc 21 km, mais a dû repousser à cause d’une blessure. Pour le moment, c’est en pause mais s’il le souhaite toujours, je l’assisterai et l’accompagnerai au mieux en tant que papa et en tant que coach.
3 600 km en courant : récit d’un exploit par Claude Cazes
L’année dernière, lors de ma traversée de la France, du sud au nord, j’avais un sponsor turc. À la fin de cette aventure, j’avais évoqué l’idée de traverser son pays en courant. C’était avant le séisme qui a véritablement changé la donne. Je me suis préparé méticuleusement pendant huit mois, physiquement et logistiquement, mais mon sponsor initial m’a lâché au dernier moment. Plutôt que d’abandonner, j’ai cherché parmi mes sponsors précédents et l’entreprise Vitelec et son fondateur Youssef Oubeza ont répondu à l’appel. Grâce à son soutien financier, j’ai pu assurer ma subsistance pendant tout le défi.
Le 8 octobre, avec une semaine de retard, j’ai donc entamé mon périple à travers 7 pays : la France, l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Serbie, la Bulgarie et la Turquie. Les Alpes ont servi de départ et de premier défi avec des dénivelés positifs et négatifs. La France et l’Italie ne m’ont offert aucun soutien, mais la solidarité a commencé en Slovénie, où j’ai eu quelques jours d’hébergement. La véritable solidarité s’est manifestée en Serbie, grâce à une famille française travaillant à l’École Française. Ils ont relayé mes demandes d’hébergement, de rencontres médiatiques et de soutien à toutes les mairies sur mon parcours. Cette solidarité s’est poursuivie en Bulgarie et en Turquie.
En Turquie, la majorité de mes nuits a été prise en charge et l’accueil triomphal à mon arrivée était digne des plus grands films, rappelant la scène finale de Forrest Gump. Ils m’ont accueilli comme leur famille, offrant une reconnaissance que je n’avais pas trouvée en France. Cette aventure a été une expérience inattendue. De la déception du sponsor initial à la solidarité rencontrée en chemin, chaque moment a été intense. Je souhaite maintenant continuer à aider en Turquie, une terre qui a su reconnaître mes efforts et mon engagement.