Vallée de l'Hérault, interview : Sandro Casagrande, gardien du spéléopark de la Grotte de Clamouse
La grotte de Clamouse fait partie des lieux incontournables de la vallée de l’Hérault. Afin d’attirer les jeunes générations, qui semblaient bouder le lieu, un spéléopark a été inauguré il y a six ans. Sandro Casagrande, directeur technique de la grotte et responsable du spéléopark, revient sur la naissance de cette installation et son ambition.
Comment est née l’idée du spéléopark ?
Lorsque je suis arrivé à la grotte de Clamouse il y a douze ans, j’ai remarqué que la spéléologie effrayait les gens et que le public intéressé par les grottes était principalement composé de personnes âgées. Il était donc essentiel de trouver un moyen pédagogique pour faire découvrir le monde souterrain d’une manière différente. L’objectif était de redonner à la spéléologie ses lettres de noblesse, car elle est aujourd’hui encore très méconnue.
Quel est le profil des visiteurs ciblés ?
Le premier parcours, appelé « émotion », s’adresse aux familles avec des enfants à partir de huit ans. Les participants traversent des tyroliennes, des ponts de singe et des ponts népalais. C’est le premier parcours de ce type en Europe. Le second parcours, baptisé « grand frisson », a été créé un an après le premier en 2018. Il est plus sportif, mais reste accessible aux familles avec des enfants à partir de douze ans. L’idée était de leur offrir une expérience plus intense en les emmenant dans des endroits sauvages en dehors de la grotte de Clamouse, jusqu’à une grande plage de sable. Bien entendu, les participants sont accompagnés par des guides qualifiés. Par ailleurs, notre public est très hétérogène en termes d’âge. Nous avons même accueilli une personne de 72 ans ! Les visiteurs peuvent être des grands-parents souhaitant passer du temps avec leurs petits-enfants ou plus souvent des familles qui ont peu d’occasions de se retrouver ensemble pendant l’année et qui souhaitent partager un moment unique. Nous constatons que 95 % de nos clients sont des débutants en spéléologie. Les autres connaissent déjà cette activité, mais viennent ici pour une expérience différente. Au lieu de se consacrer aux grands rappels, aux remontées et aux descentes, ils choisissent le spéléopark pour son côté plus divertissant. En effet, il est rare en spéléologie de faire de la tyrolienne et de traverser des ponts de singe !
Pourquoi avoir choisi la grotte de Clamouse ?
Notre principal objectif était de créer une activité pour susciter un nouvel intérêt pour le monde souterrain. Nous avons été les premiers à lancer cette initiative dans la vallée de l’Hérault, et d’autres grottes ont ensuite suivi notre exemple, ce qui signifie que nous réussissons à sensibiliser le grand public à cette pratique. De plus, la grotte de Clamouse est classée comme site scientifique par le ministère de la Transition écologique. Cela nous confère une grande responsabilité pour faire aimer la science au public. C’est pourquoi nous avons choisi d’innover en ouvrant le spéléopark. Le spéléopark fonctionne très bien tant en été qu’en hiver. Durant la saison estivale, nous engageons simplement un opérateur supplémentaire spécialement dédié au spéléopark, et les parcours sont ouverts tous les jours, alors qu’en hors-saison, ils sont ouverts les mercredis, samedis et dimanches.
Pourquoi proposez l’exploration de galeries non ouvertes ?
Dans le parcours 2, nous emmenons effectivement les visiteurs dans des zones sauvages de la grotte. Bien sûr, cela ne présente aucun risque, sinon nous n’aurions pas mis en place cette offre. Depuis l’ouverture des deux parcours, nous n’avons enregistré aucun accident ni aucun problème. Quant à la préservation de la grotte, nous avons travaillé en collaboration avec le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et le musée d’Histoire naturelle pour nous assurer que notre passage n’affectera pas les recherches en cours et ne causera aucun dommage à la grotte.
Comment convaincre les plus peureux de se lancer dans l’aventure ?
Il ne faut pas aborder cette activité avec la peur en tête. La spéléologie est comparable à une randonnée, mais dans un environnement souterrain. Il n’y a pas de sensation de vertige, car on ne voit ni le soleil ni le ciel. L’oreille interne n’est donc pas perturbée, et nous restons relativement proches du sol tout au long du parcours. Ensuite, l’émerveillement est au rendez-vous. Les participants découvriront des choses qu’ils ne verraient jamais lors d’une simple visite guidée. Ils auront l’occasion d’observer de près des cristallisations, de parcourir des zones sauvages encore jamais explorées, et, sans aucun doute, ils seront émerveillés tout en s’amusant !