Vécu, Agde : Alexia, "mon père a mené une double vie pleine de mensonges"
Alexia, la trentaine, a été marquée dans son adolescence par la découverte de la double vie de son père. Elle raconte…
Le parfait amour…
Alexia* évoque son enfance, très heureuse : “Je voyais très peu mes parents, qui travaillaient beaucoup. Amoureux, ils étaient pleins de petites attentions l’un envers l’autre. Petite, j’avais l’impression qu’ils s’entendaient bien avec tout le monde. Devenue ado, je me suis rendue compte que mon père ne pouvait pas s’empêcher de plaire aux femmes comme aux hommes et qu’il avait besoin d’être apprécié. Je le trouvais lourd, notamment avec les serveuses. Mais j’avais tellement l’impression que mes parents filaient le parfait amour que je me souviens avoir dit mot pour mot à mes copines de lycée – qui étaient toutes des filles de parents divorcés – que j’avais de la chance que mes parents soient si heureux ensemble”.
Un SMS douteux
Elle tempère : “J’ignorais à cette époque-là que mon père menait une double vie. Il passait la semaine à Paris pour le travail et ne nous rejoignait que le week-end. La première personne à avoir découvert que mon père avait quelqu’un d’autre dans sa vie a été ma sœur, qui avait 13 ans à l’époque. Elle avait l’habitude d’emprunter les téléphones de mes parents sans leur autorisation pour jouer à des jeux. Or, un jour, alors qu’elle jouait dessus, le téléphone de mon père a reçu un message d’un certain Patrick qui lui disait qu’il lui manquait, assorti de plein de petits cœurs. Il avait eu le réflexe de renommer cette femme d’après un prénom masculin, pour ne pas se faire attraper. Ma sœur étant une ado en crise, elle n’en a pas parlé”.
Un historique de recherches accablant
Mais la mère d’Alexia ouvre progressivement les yeux : “Six mois plus tard, quand ma mère a commencé à se douter de quelque chose, elle est allée sur l’historique de recherches de mon père, sur son ordinateur. Elle a découvert la recherche ‘Enfant illégitime, que faire ?'”.
“Ma sœur et moi étions couchées. Nous avons entendu une grosse dispute et de la vaisselle cassée, ce qui était bien la première fois. Ma mère me considérant comme l’une de ses confidentes, le lendemain matin en allant au lycée, elle m’a tout dit… Ça a été un choc pour moi. Quand je suis rentrée déjeuner, l’ambiance était très tendue. J’ai demandé à mon père comment s’appelait cette ‘charmante demoiselle’. Il m’a demandé pourquoi je voulais connaître son prénom. Je lui ai répondu que je voulais savoir comment ne pas appeler mes futures filles. Il m’a alors dit qu’elle s’appelait Patricia”.
“Deux jours après, informée de la situation, ma sœur nous a révélé la teneur du SMS reçu sur le téléphone de notre père six mois plus tôt. Ma mère a donc compris que cette relation durait depuis longtemps. Elle n’a pas voulu prendre une décision définitive. Elle a préféré donner une deuxième chance à mon père, qui lui a promis qu’il se séparerait de Patricia. Ils ont essayé de recoller les morceaux” se souvient Alexia.
L’épreuve de la maladie
Les problèmes s’enchaînent pour la famille : “Quatre mois après la révélation de l’infidélité de mon père, les médecins lui ont diagnostiqué un cancer de la gorge. Il a été soigné à Paris. Ma mère faisait des allers et retours pour le voir. Le jour de l’opération, à l’accueil, les infirmières lui ont demandé qui elle était. Quand elle a répondu qu’elle était sa femme, elles lui ont dit que c’était impossible, car sa femme venait de partir. Elle a donc compris que mon père n’avait pas rompu avec Patricia. Ma mère ayant bon cœur, étant encore amoureuse et mon père étant malade, elle lui a fait promettre à nouveau de mettre définitivement fin à cette relation”.
L’ambiance s’apaise… Mais “Deux mois après, un jour où nous étions en famille, mon père nous a annoncé qu’un couple de collègues allait venir en vacances près de chez nous. La sœur de ma mère a proposé de leur prêter son appartement. Le jour de leur arrivée, mon père nous a expliqué que son collègue étant retenu à Paris, il devrait passer un peu de temps auprès de sa collègue pour lui tenir compagnie. Ma mère ne s’est pas méfiée. Il ne partait pas très longtemps, et un copain à lui l’avait couvert au téléphone en disant qu’il était déçu de ne pas pouvoir venir”, raconte Alexia.
Le mensonge de trop
Alexia analyse : “On a appris la vérité trois mois après, quand les choses ont explosé… Mon père vivait la semaine dans un appartement à Paris pour son travail. Une sœur de ma mère qui vivait elle aussi à Paris a fait quelques tours le soir dans le quartier où vivait mon père. Les lumières de son appartement étaient toujours éteintes”.
“Apprenant cela, ma mère a fini par appeler mon père, qui lui a répondu qu’il était avec un ami dans le Vaucluse. Connaissant cet ami, elle lui a téléphoné pour vérifier. Il lui a répondu ne pas avoir parlé à mon père depuis trois ans. Là, ma mère a ri. Elle a trouvé mon père stupide. C’était le mensonge de trop. Elle lui a dit que tout était terminé entre eux”.
Un divorce inévitable
“Ça aurait dû s’arrêter là, mais Patricia a ensuite envoyé des lettres manuscrites à ma mère lui disant qu’elle avait fait le bon choix en libérant mon père. Elle le présentait comme un preux chevalier, disait avoir avorté quatre fois de lui, et lui défendait de l’éloigner de ses filles. Ma mère a longtemps hésité à utiliser les lettres pour faire un divorce à charge, mais elle a préféré que le divorce soit rapide”, explique Alexia.
Fin de la bataille
Alexia avoue : “Il nous a fallu beaucoup de temps avant d’accepter que mon père soit heureux avec Patricia. Avec l’âge, nous avons décidé, ma sœur et moi, de ne pas porter la rancune de notre mère et de laisser notre père avancer. Maintenant que mon père est à la retraite, savoir qu’il ne sera pas seul pour ses vieux jours me rend heureuse et me soulage. C’est ce qui fait que je ne garderai pas une haine farouche contre Patricia toute ma vie. Certes, sa personnalité ne me convient pas. C’est une femme-enfant, pas autonome, qui se sent en compétition avec ma sœur et moi. Mais nous faisons beaucoup d’efforts pour arrondir les angles, pour notre père”.
*Cette personne ayant souhaité garder l’anonymat, nous lui avons donné le prénom d’Alexia.