Vécu, Agde : Lucie, "des problèmes d'héritage divisent ma famille"
Lucie, 24 ans, est très peinée par les dissensions nées entre les membres de sa famille paternelle autour d'un héritage.
Une famille soudée
Petite dernière d’une famille de 3 enfants, Lucie* a grandi dans un climat stable. “D’aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu de grandes tablées familiales à la maison. Pas un anniversaire ni un Noël sans que mes oncles et tantes, ainsi que mes cousines et cousins, soient présents. Et cela des deux côtés, maternel et paternel. Nous avons toujours été très soudés. Il nous arrivait régulièrement de partir en vacances ensemble, soit par petits groupes, soit tous ensemble. C’était rassurant, une telle complicité entre les adultes et entre les enfants ! Si l’on avait une difficulté, il y avait toujours une oreille attentive pour nous écouter”, explique-t-elle.
Les choses se gâtent
Elle déplore : “Les choses ont pris une tournure différente lorsque mes grands-parents paternels ont vieilli et qu’il a fallu les mettre en Ehpad. Une partie de la famille a jugé que c’était nécessaire, alors que l’autre partie a estimé qu’il faudrait attendre un peu ou trouver un établissement moins cher que celui proposé, par crainte que les économies amassées par mes grands-parents ne suffisent pas à payer les frais. Les coups de fil étaient incessants, les uns tentant de convaincre les autres, et inversement…”
“La situation devenant compliquée et le dialogue étant difficile, certains essayaient d’appeler à la raison. Tout le monde s’était si bien entendu pendant tellement longtemps, c’était dommage de rompre l’harmonie”, se souvient Lucie. Mais rien n’y fait. “C’est finalement un certificat du médecin de ma grand-mère, atteinte d’Alzheimer, qui a fait pencher la balance du côté d’une mise en Ehpad, dans une unité fermée. C’était devenu inévitable.” Le climat se détend alors un peu entre les fils et filles au sujet de leur mère.
Mais il faut encore trouver une solution pour le patriarche de la famille. “Etant encore valide et ayant toute sa tête, mon grand-père ne pouvait pas entrer dans l’unité fermée auprès de ma grand-mère. La question s’est posée de savoir si on le plaçait dans le même Ehpad, au tarif prohibitif, ou dans un autre, moins cher. Les uns considéraient que c’était plus sage qu’il aille vivre dans le même établissement que ma grand-mère, ainsi il pourrait éventuellement lui rendre visite. D’autres mettaient en avant des raisons financières pour qu’il soit pris en charge ailleurs. Finalement, entendant la voix de la raison, ils ont tout de même fini par demander son avis à mon grand-père ! C’était la moindre des choses. Après tout, il pouvait bien prendre cette décision lui-même ! Il a donc opté pour le même établissement”.
Récupérer le plus possible, au détriment des autres
Lucie soupire : “Au bout de quelques années, ma grand-mère est décédée, suivie un an après par mon grand-père. Et là, c’est devenu ingérable. Mes grands-parents n’avaient pas fait de testament. Mes oncles et tantes, et mes parents, se sont déchirés pour récupérer le moindre petit objet, le moindre souvenir… Chacun estimait légitime de récupérer tel ou tel document, tel ou tel vêtement, de la vaisselle, la collection de timbres de mon grand-père, les livres de cuisine de ma grand-mère. Ils se sont écharpés à coups d’insultes et de coups bas. La maison de mes grands-parents, qui aurait pu être conservée s’ils s’étaient tous entendus, a été vendue. Mes grands-parents, qui rêvaient que cette maison reste dans le patrimoine familial pour les réunions de famille, ont dû se retourner dans leur tombe”.
Une leçon de vie
“Aujourd’hui, confie Lucie, ma famille est brisée. Nous fêtons les anniversaires et les Noël uniquement avec ma famille maternelle. C’en est fini des grandes tablées pleines de joie et de rires. Je ne rencontrerai probablement jamais les enfants de mes cousins et cousines. C’est un vrai gâchis. Je n’aurais jamais pensé que ces gens que j’ai tant aimés deviendraient un jour des étrangers et qu’il y aurait autant de querelles autour de l’argent et de l’héritage de mes grands-parents”. Elle conclut : “Mes parents en ont tiré une leçon : ils ont déposé leurs dernières volontés auprès d’un notaire pour que mes frère et sœur et moi ne nous déchirions pas après leur décès”.
*Cette personne ayant souhaité témoigné de façon anonyme, ceci est un pseudonyme.