Vécu, Le Grau d'Agde : Iris, "Ma belle-mère m'a longtemps détestée"
Les relations avec les beaux-parents ne sont pas toujours roses, comme en témoigne Iris, 35 ans, qui a subi la haine de sa belle-mère à partir de ses 17 ans…
Photo © Maria Lupan / Unsplash
Une belle rencontre vite assombrie
Iris se confie : “J’ai rencontré l’homme de ma vie à l’âge de 17 ans. Nous fréquentions le même lycée, et nous avons eu le coup de foudre l’un pour l’autre. Vincent a très rapidement voulu me présenter à sa maman, dont il me disait qu’elle était adorable, douce et compréhensive. Elle était son unique soutien dans la vie, puisque le père de Vincent était décédé quelques années auparavant dans un accident de moto. J’étais si contente de la rencontrer, si fière que Vincent me juge digne de lui être présentée ! Et effectivement, notre première rencontre a été parfaite. Edwige m’a beaucoup écoutée, s’intéressant à mon parcours, disant à son fils combien elle était heureuse qu’il ait trouvé la ‘perle rare’. Elle nous avait mitonné un repas délicieux. Lorsque je suis partie de chez eux, Vincent m’a raccompagnée, me disant que j’avais tapé dans l’œil de sa maman. Quelle joie !”.
Mais la joie d’Iris est de courte durée… “Le lendemain, Vincent avait une tête d’enterrement. Quand je lui ai demandé ce qu’il avait, il m’a indiqué que sa mère le trouvait trop jeune pour se caser avec une jeune fille. Elle lui avait aussi dit qu’il avait toute la vie devant lui. Ce n’était pas faux, mais notre relation était naissante, et il fallait lui donner sa chance. Je lui ai donc proposé de mettre de côté ses doutes et de vivre ce que nous avions à vivre, sans penser si tôt à nous engager. Il m’a écoutée et ça lui a semblé logique, donc notre relation a continué”.
Une carapace forgée au fil du temps
Mais Iris se protège, échaudée par la réaction de sa belle-mère. Celle-ci continue à la recevoir de temps en temps à sa table avec chaleur devant son fils, mais conserve une certaine distance dès qu’elles sont toutes les deux. Ce n’est plus la Edwige qu’Iris avait rencontrée la première fois. Elle est froide, mais pas désagréable pour autant. De son côté, Vincent ne se rend compte de rien, car sa mère prend soin de lui cacher qu’elle n’apprécie pas Iris.
Mais est-ce Iris qu’elle n’apprécie pas, ou le simple fait que le cœur de son fils lui soit ravi par une autre ? La jeune femme n’en sait rien mais regrette d’être traitée avec tant de froideur. Pour elle, tous les moyens sont bons pour tenter de conquérir l’estime de sa belle-mère : cadeaux, menues attentions, appels téléphoniques… rien n’y fait.
Au fil des années, Iris en prend son parti, elle s’habitue. Et lors de son mariage avec Vincent, le jour de ses 25 ans, elle prête peu d’attention à une remarque déplaisante d’Edwige. Cela ne l’atteint plus. Elle ne recherche ni sa présence, ni son respect. Heureusement, les invités du couple et ses parents ont l’esprit à la fête, et ce jour reste un excellent souvenir pour elle.
A 30 ans, Iris est enceinte. Vincent et elle sont fous de joie de fonder enfin une famille. Lorsqu’ils l’annoncent à Edwige, c’est le calme plat. Elle semble ne pas s’intéresser à la nouvelle. Cela rassure presque Iris, qui craignait qu’Edwige s’accapare sa grossesse et son futur petit-enfant.
Un déclic en plein coup dur
La grossesse se passe bien, mais à partir du sixième mois, Iris doit être hospitalisée pour subir un cerclage et rester alitée pendant les trois mois suivants. Son moral est en berne : “Cette période a été très douloureuse à vivre pour moi”, raconte-t-elle.
“Contre toute attente, ma belle-mère s’est montrée très compatissante. Elle me rendait visite fréquemment, me changeant les idées, m’apportant des magazines pour m’occuper. Ce revirement m’a stupéfiée. Je ne m’y attendais pas, après toutes ces années…” Iris s’interroge alors sur ce changement de comportement. Elle finit par en parler avec Edwige, un jour où elle se sent en confiance.
Edwige lui confie alors avoir beaucoup craint qu’Iris ne l’éloigne de son fils, d’où son comportement passé à son égard. “Elle espérait me chasser de la vie de Vincent pour rester sa seule référence. Mais lorsqu’elle a vu que j’étais en danger et que notre futur bébé l’était également, sa carapace est tombée et son cœur s’est enfin ouvert”, analyse Iris.
Une vraie complicité
Les années passant et les rires des bébés successifs remplissant la maison d’Iris et Vincent, les deux femmes ont appris à s’apprécier et à s’épauler. Edwige accueille ses petits-enfants le midi, pour leur éviter la cantine, et joue beaucoup avec eux. Elle reste dans ses rôles de grand-mère, de mère et de belle-mère en gâtant les uns et les autres. Le ressentiment ne fait plus partie de ses ressentis. Désormais, Iris sait qu’elle peut lui faire confiance et se reposer sur elle en cas de besoin. Edwige se confie souvent à elle, lui racontant sa jeunesse, son amour pour son époux disparu, les premières années de Vincent… De son côté, Iris lui demande parfois conseil.
“J’ai plaisir à côtoyer ma belle-mère. Je n’aurais jamais pensé cela possible. Aujourd’hui, quand une personne se montre hostile à mon égard, je cherche à comprendre quelles sont ses douleurs, je ne le prends pas pour moi. Ça lui appartient. Mais si j’en ai l’occasion, je n’hésite pas à lui raconter mon expérience avec ma belle-mère…”, conclut Iris en souriant.