Vécu, Marseillan : Michaël, "ma femme était d'une jalousie maladive"
Michaël a 38 ans, 2 enfants…et une ex-épouse très jalouse. Son quotidien était devenu si compliqué qu'il a dû se séparer d'elle, malgré l'amour qu'il lui portait. Il raconte…
Photo d’illustration © Tumisu / Pixabay
De belles années
Michaël* retrace les premières années passées auprès de Sandra : “Nous nous sommes rencontrés en terminale. Nous fréquentions le même lycée, faisions partie de la même classe. Nous nous sommes apprivoisés, après avoir ressenti un coup de foudre mutuel. Nous avons été fusionnels dès le début de notre relation. Nous ne faisions rien l’un sans l’autre. Nous avons suivi les mêmes études. C’était le bonheur. Nous nous sommes mariés sous le regard bienveillant de nos familles. Je pensais que rien ne pourrait jamais nous séparer…”
“Nous avions trouvé un emploi chacun dans une branche différente. C’était la première fois que nous n’étions plus ensemble 24 heures sur 24. Mais Sandra m’appelait pendant ma pause déjeuner, ainsi nous restions reliés. Cela me faisait très plaisir. Nous nous racontions notre matinée, nos relations avec nos collègues, nos projets professionnels… Le soir, nous avions de grandes et belles discussions sur nos projets d’avenir pour notre couple. Très vite, Sandra a attendu notre premier enfant” se souvient Michaël, avec nostalgie.
Premières difficultés
La grossesse de Sandra n’est pas simple : “Elle a dû rester alitée pendant les trois derniers mois. Ça a beaucoup déteint sur son caractère, surtout qu’elle se trouvait grosse et moche”. “Ma femme a alors commencé à me téléphoner plus souvent au travail, parfois en pleine réunion. Comme je ne pouvais pas décrocher, elle se plaignait que je la rappelle une ou deux heures après son coup de fil. Nous avions décidé qu’elle me préviendrait par SMS si elle avait un problème urgent lié à sa grossesse. Mais elle a commencé à m’inonder de SMS et à me reprocher de ne pas y répondre. Le soir, elle me demandait avec insistance qui j’avais vu dans la journée, avec qui j’avais travaillé, et je la voyais tiquer quand je parlais de collègues femmes. J’ai mis cela sur le compte des humeurs et angoisses d’une femme enceinte, donc j’ai laissé passer cette période sans trop me formaliser”.
Jalouse du bébé
Devenu père, Michaël s’investit beaucoup dans sa relation avec sa fille, Lila. “Mais Sandra semblait ne pas apprécier que je donne de l’amour à notre enfant, comme si elle se sentait menacée par ce bébé qui était entré dans notre vie. Mon cœur était pourtant suffisamment large pour elles deux ! Pendant son congé maternité, elle a continué à m’appeler et à m’envoyer beaucoup de SMS. Cela devenait tellement insistant que je me sentais harcelé. Surtout que le soir, le debriefing qui était auparavant détendu est devenu beaucoup plus inquisiteur…”, regrette Michaël.
Mise au point
Michaël finit par évoquer le sujet avec Sandra : “Je lui ai expliqué que ses appels pendant ma pause déjeuner m’empêchaient de bavarder avec mes collègues ou tout simplement de souffler, et que je ne pouvais pas répondre à tous ses SMS et travailler en même temps. Je lui ai redit mon amour pour elle. Mais elle l’a très mal pris, me reprochant de ne plus l’aimer, de la trahir, me suspectant de la tromper. Malgré tout ce que je pouvais lui dire, elle ne me croyait pas”.
Une seconde grossesse inattendue et un comportement de plus en plus excessif
“Après sa première grossesse, Sandra est quasiment immédiatement retombée enceinte, ce qui n’était pas prévu. En tout cas pas par moi. Car avec le recul, je pense qu’elle a trouvé cette stratégie pour me garder auprès d’elle. Mais notre relation n’était plus saine. Un jour, je l’ai surprise mon téléphone portable à la main, en train de fouiller pour savoir si j’envoyais des messages à une autre femme ! Même si elle n’a rien trouvé, ça ne l’a pas calmée pour autant, malheureusement”.
“Elle a pris l’habitude de passer me voir au bureau, sous un prétexte ou un autre, notre fille dans les bras. J’avais l’impression qu’elle marquait son territoire, que c’était une façon de signifier à mes collègues que je lui appartenais. C’était très lourd à supporter. Nous n’avions même plus de vie sociale, car elle suspectait nos amies, pourtant mariées et accompagnées de leurs époux, de me faire du gringue. Et elle dénigrait systématiquement tous les membres de ma famille. J’avais beau lui dire de consulter un thérapeute pour soigner sa jalousie maladive, elle ne voulait pas en entendre parler” soupire Michaël.
L’arrivée du fils
“Lorsque notre fils Théo est né, je me suis promis de rester le plus longtemps possible auprès de mes enfants, malgré la jalousie obsessionnelle de Sandra. Je le leur devais. Après tout, ils n’avaient pas à pâtir de la situation. Alors j’ai pris mon mal en patience.”
“J’ai donc supporté ses passages au bureau, ses appels, ses récriminations, ses bouderies, pour le bien de nos enfants. Pour qu’ils grandissent auprès de leurs deux parents”, assume Michaël.
L’explosion
Mais une réaction de Sandra met le feu aux poudres. “Un jour, après avoir trouvé la carte de visite de l’une de mes clientes dans la poche de mon pantalon, qu’elle avait consciencieusement fouillé, elle s’est permis de téléphoner à cette femme et de l’injurier, la traitant de tous les noms. J’ai bien évidemment perdu le contrat que j’avais eu tant de mal à décrocher”.
“Ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Son comportement était inacceptable et je le lui ai dit, dans une colère noire. Je lui ai expliqué que puisqu’elle ne voulait pas se faire soigner, je devais la quitter, pour me sauver. Elle menaçait mon équilibre personnel et professionnel. Elle m’a immédiatement dit qu’elle me séparerait de mes enfants si je la quittais. J’ai trouvé la force de m’en tenir à ma décision, malgré ce chantage.”
“Nos enfants étaient encore petits, et je culpabilisais beaucoup d’avoir dû prendre la décision de quitter leur mère, mais je savais que c’était ce qu’il fallait faire, sinon la situation empirerait de jour en jour. Pendant quinze jours, un ami m’a hébergé. Je ne l’avais pas contacté depuis très longtemps, Sandra m’ayant coupé de tous, amis et famille. Mais il a été compréhensif, une fois que je lui ai expliqué l’enfer que j’avais vécu. J’ai ensuite trouvé un appartement. Puis j’ai proposé à Sandra que nous divorcions par consentement mutuel, ce qu’elle a refusé. D’ailleurs, elle continuait à me harceler au téléphone, me disant que cette rupture était la preuve qu’il y avait une autre femme dans ma vie.”
Reconstruction
“J’ai donc contacté un avocat, qui a engagé une procédure de divorce. J’avais gardé les preuves de ses nombreux appels et tous ses SMS dans mon téléphone, dont ceux où elle me faisait du chantage à la garde de nos enfants. Une fois devant le juge, celui-ci a refusé que nos enfants soient les otages de Sandra. Il nous a accordé la garde alternée”, raconte Michaël, soulagé après tant de stress.
“J’ai mis une bonne année à me reconstruire après cela”, explique-t-il. “Ce n’était pas facile d’admettre tout ce dont la jalousie de Sandra m’avait privé : les sorties entre copains, les apéros avec les collègues, les réunions de famille, et tout simplement la sérénité. Je me suis rendu compte que pendant des années, j’avais vécu sur le qui-vive, faisant attention à chacun de mes gestes, pour ne pas provoquer sa suspicion. J’ai réappris à vivre de façon plus détendue, sans avoir à rendre des comptes en permanence. Je l’ai vécu comme une vraie libération…”, conclut-il.
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En cas de jalousie pathologique, une thérapie individuelle et une thérapie de couple sont fortement recommandées.
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*Ce témoin a souhaité que son prénom et ceux de son ex-épouse et leurs enfants ne soient pas divulgués, pour préserver leur anonymat.