Vendargues : avec ZQSD, l’avenir du gaming s'écrit en quatre lettres

C’est dans le fin fond de la zone d’activités de Vendargues, à peine perceptible derrière les bâtiments de France Télévisions, que ZQSD Productions a élu domicile. Une discrétion trompeuse, car c’est ici, dans ce coin à l’apparence tranquille, que l’e-sport redessine son image. 

Décor rétro-moderne, costumes kitsch et animateur bien connu des Montpelliérains : c’est quelques minutes avant le tournage de “Boat”, un format animé par ZeratoR, que nous avons pénétré les coulisses de cet acteur de l’audiovisuel et de l’événementiel, spécialisé dans les secteurs du gaming et de l’e-sport.

Le déménagement à Montpellier en 2023 ? Une décision stratégique, dictée par le bon sens. “Nous avons déménagé l’année dernière sur Montpellier pour deux raisons principales : la forte concentration d’influenceurs – plus d’une trentaine aujourd’hui – et l’écosystème de la métropole”, explique Timothée Malossane, directeur du développement chez ZQSD. Le territoire nous a accueillis à bras ouverts”. 

Il faut dire que l’ambition de ZQSD s’inscrit dans la dynamique de soutien aux Industries Culturelles et Créatives (ICC) engagée par la Métropole de Montpellier, et plus largement la Région Occitanie, il y a quelques années. “Ils construisent une véritable architecture audiovisuelle, en partenariat avec des géants, se réjouit le responsable. C’est très moteur et cela nous permet de bénéficier d’un certain élan, et d’un écosystème solide”. Résultat, en peu de temps, ZQSD a su s’intégrer à cet environnement, collaborant avec des noms prestigieux tels que France Télévisions, Riot Games et Ubisoft.

“Notre objectif est de créer des expériences immersives où les spectateurs peuvent s’engager activement, que ce soit par le biais de discussions, de sondages ou en influençant le contenu en temps réel”, explique Timothée Malossane. Et l’agence ne se limite pas au gaming. “Nous souhaitons explorer de nouveaux horizons et offrir des contenus qui captivent toujours notre communauté.”

Cette ambition prend forme au sein du Studio V, où elle se matérialise notamment à travers Boat, un format qui réinvente l’émission télévisée en s’inspirant des codes de Twitch. “Boat incarne parfaitement notre vision : un show qui respecte l’univers de Twitch tout en s’ancrant dans les formats télévisés”, affirme-t-il. Comme la plupart des concepts télévisuels, l’émission repose sur des candidats et un animateur, et à l’image des formats digitaux, c’est par les suggestions et les votes du public que son écriture prend vie. 

D’après lui, si l’union des genres s’apparente ici à un mariage sans accroc, c’est grâce au levier qui accompagne le partenariat avec France Télévisions. “La synergie entre nous permet d’optimiser la production en alliant expertise éditoriale et infrastructure technique de qualité. Ils nous mettent d’importantes ressources à disposition comme les studios et plateaux de tournage, mais c’est aussi par le biais de nos conversations, de nos cultures complémentaires, que nous avançons plus vite”. 

Et pour porter ce concept à la croisée des chemins, ZQSD a fait confiance à une figure de Montpellier et du gaming, ZeratoR, de son vrai nom Adrien Nougaret, l’organisateur du Z-Event. “Dès le départ, nous nous sommes servis du Z-Event comme modèle pour nos événements. Adrien a su toucher un large public, y compris ceux éloignés de l’e-sport, en réunissant des univers comme le gaming et la solidarité. Il a prouvé qu’on peut attirer une audience large au-delà des passionnés d’e-sport.” Source d’inspiration, il est par la suite devenu l’un des visages de la boîte de production : “Nous avons trouvé en ZeratoR un talent prêt à relever le défi, et aujourd’hui, nous avons trouvé notre touche”. 

Qu’en est-il de l’événementiel, cet autre pilier majeur de ZQSD, qui a déjà fait salle comble dans une dizaine de Zéniths ? Timothée Malossane, directeur du développement, ne cache pas sa fierté lorsqu’il évoque des réussites telles que la Z LAN ou la Trackmania Cup. Mais il reste lucide sur les défis qu’imposent ces formats : “Il faut avoir en tête que l’espace nécessaire pour accueillir ne serait-ce qu’un seul joueur en LAN* est important. Cela entraîne des coûts, des frais de réseau, et on est vite limité en place. Du coup, ce sont des formats très difficiles du point de vue de la rentabilité.”

Dès lors, comment faire de Montpellier un acteur incontournable de l’e-sport ? Comment passer d’une visibilité virtuelle à une vitrine physique ? Pour le responsable, la solution réside dans un modèle hybride : “Il faut associer compétition et spectacle. Il faut des événements qui mêlent LAN et public, avec des stands, des annonceurs et des partenaires. Attirer les gamers et le grand public sans distinction de dates.” 

La vision de ZQSD est limpide : faire de Montpellier un centre névralgique de l’e-sport en France. Et selon Timothée Malossane, le besoin est réel. “Bien que jeune, l’e-sport est un secteur en plein essor, avec une nouvelle génération qui privilégie des plateformes comme YouTube, TikTok ou Instagram au détriment de la télévision traditionnelle. Pourtant, à l’exception de Paris, Lyon et Poitiers, peu de régions disposent d’un écosystème e-sport.” Pour lui, Montpellier a toutes les cartes en main : un vivier d’influenceurs dynamiques et l’implication de plusieurs moteurs qui pourront transformer la ville en un pôle incontournable de l’industrie.

*Une LAN (Local Area Network) est un réseau local permettant à plusieurs ordinateurs de se connecter entre eux pour jouer à des jeux vidéo en réseau.