Vendargues : dans l’économie des fêtes, l’Épiphanie remporte la couronne
Dans le calendrier des fêtes, l’Épiphanie paraît, à première vue, moins imposante que Noël. Pourtant, elle se révèle souvent plus lucrative. Sylvain Maneiro, propriétaire de la boulangerie Les P'tits Plaisirs à Vendargues, l’affirme : “Chez moi, l’Épiphanie est plus rentable que Noël.”
Alors que les flux de commandes et les montants des tickets sont généralement plus élevés pendant les fêtes de fin d’année, pourquoi la fête des rois semble-t-elle dépasser Noël sur le plan économique ?
Une valeur sûre
Pour le boulanger, la réponse est simple : “À Noël, nous dépassons les 600 pains spéciaux et 1 000 baguettes. Notre boulanger arrive dès le 23 décembre à 23h pour gérer les demandes. Ensuite, les commandes s’empilent partout, et nos frigos sont pleins à craquer. La folie des commandes et la diversité des produits à proposer dans un marché très concurrentiel entraînent des coûts élevés et fatiguent les équipes.”
Pour lui, l’Épiphanie est beaucoup plus “fluide”. Les produits à proposer sont en effet moins nombreux, mais aussi parce que la tradition de la galette des rois, habituellement partagée en famille ou entre amis, s’étend sur plusieurs semaines. Cette période permet à des clients fidèles de profiter de l’occasion pour célébrer à leur manière. “La galette, c’est un plat simple et convivial que l’on partage après les fêtes. Les gens reviennent chaque année, souvent dès le 2 janvier”, explique-t-il. Ce phénomène génère un “rythme de vente stable et prévisible”, où la demande ne se tarit pas aussi rapidement que celle des produits de Noël.
Miser sur la qualité française
La galette des rois occupe naturellement une place centrale lors de l’Épiphanie, mais les fèves, ces petites figurines glissées dans la pâte, ne sont pas en reste. Elles font désormais partie intégrante de la fête. Une tendance de plus en plus marquée émerge : celle des fèves “made in France”, qui, bien qu’encore minoritaires face à l’hégémonie des fèves importées d’Asie, répondent à une demande croissante d’authenticité et de qualité.
C’est là encore que Les P’tits Plaisirs se distingue. Plutôt que d’opter pour des fèves produites à faible coût en Asie, Sylvain Maneiro a fait le choix de la qualité et de l’identité locale en sélectionnant des fèves fabriquées à Grenoble. “Nous sommes artisans, nous travaillons maison avec des matières premières de qualité. Il était donc essentiel que les fèves, elles aussi, soient françaises”, défend-il.
Tandis que les fèves traditionnelles coûtent environ 60 centimes l’unité, celles fabriquées sur mesure pour la boulangerie de Sylvain s’élèvent à 1,10 euro chacune. Mais pour lui, cet investissement en vaut la peine : “Ce n’est pas une dépense inutile. C’est un engagement envers la qualité et la signification que je souhaite donner à mes produits.”
Une commune à croquer
Bien que Sylvain Maneiro ne soit pas originaire de Vendargues, il a souhaité rendre hommage à sa ville d’adoption à travers ses nouvelles fèves. “Je voulais donner du sens à ce que je fais. En tant qu’artisan installé en centre-ville, je ressentais le besoin de m’intégrer pleinement à la ville et de valoriser son patrimoine”, explique-t-il. Afin de choisir les monuments à représenter sur les fèves, il a consulté les habitants pour recueillir leurs suggestions sur les symboles de la ville. Il a ensuite cherché des photos anciennes et des archives pour s’assurer que les représentations soient authentiques. En tout, six bâtiments emblématiques ont été retenus.
Pour le boulanger, cette initiative permet de renforcer la relation avec sa clientèle. “C’est un moyen de solidifier notre lien. Les habitants se sentent concernés par ces monuments et veulent avoir une part de leur histoire dans leur galette”. Et pour les heureux gourmands qui découvriront l’une de ces fèves, Sylvain Maneiro mise également sur la différenciation : la couronne gagnée pourra être personnalisée selon les envies de chaque roi ou reine.