[VIDEO] Béziers : Être maire, c’est pouvoir « changer concrètement la vie des gens » explique Robert Ménard
Élu dès le premier tour avec 68,7% des voix en 2020, Robert Ménard explique pourquoi dans l’Hérault, « l’avenir est à l’ouest du département » et pourquoi « il faut faire en sorte que les maires aient le pouvoir dans ce pays. »
II a une voix qui porte au niveau national, et un projet pour 2027. Robert Ménard, maire de Béziers, soutient que : « la démocratie est menacée par les partis politiques, et elle peut être sauvée par les maires ». Entretien.
[VIDEO] interview Robert Ménard, Maire de Béziers et Président de la Communauté d’Agglomération Béziers Méditerranée :
« Aujourd’hui, l’avenir est à l’ouest du département », vous aviez affirmé cela lors de l’inauguration du Parc des Expositions en 2021, c’est toujours le cas, avec Béziers « l’avenir est à l’ouest du département » ?
C’est à Béziers que les choses bougent le plus. On a eu longtemps un passé de ville ouvrière, de ville manufacturière, industrielle qui pesait comme un boulet pour la ville. On avait l’impression que tout se jouait dans les capitales régionales tournées vers les universités, et vers le tertiaire. Aujourd’hui, on s’aperçoit que l’indépendance d’un pays comme la France, passe d’abord par une indépendance industrielle. Et, on a ce savoir-faire ici ! Regardez Genvia, Schlumberger, ils sont allés chercher une ville en Europe : Béziers.
Je suis persuadé que l’avenir est à Béziers. Après le Covid, les gens en ont marre des grandes villes. Comme certaines villes voisines, que je ne citerai pas, par charité chrétienne, qui n’ont même pas le charme des grandes villes, et tout l’inconvénient des grandes villes. C’est-à-dire qu’il y a des embouteillages monstrueux, et une qualité de vie difficile. Nous, c’est le contraire. On est une ville moyenne, qui a tout l’avenir. La France d’avenir, c’est la nôtre.
Robert Ménard en 2020 vous avez été réélu dès le 1er tour avec plus de 68,7 % des voix, à mi-mandat quel bilan, vous pouvez déjà faire ? Vous êtes toujours selon vos mots « un maire qui fait des promesses et qui les tient »?
C’est pour cela que l’on est élu. En France, je crois que [Béziers], c’est la ville où le maire est le mieux élu dans sa strate. Pourquoi ? Parce que je ne fais pas de démagogie. Parce que je dis un certain nombre de choses, et je les fais. Il y a certaines choses que je ne peux pas faire, qu’on ne peut pas faire, je le dis aussi. Et, je le dis nationalement. J’aspire à ce que la politique, ce soit ça.
Je pense que les gens sont contents. Ici, ils ne me demandent pas la programmation culturelle. Cette population-là, on essaye de répondre à ses besoins. Mais l’immense partie de la population qu’est-ce qu’elle veut ? Elle veut une ville propre. Elle veut une ville où il y a suffisamment de policiers pour que ça se passe bien. Et elle veut une ville où il y a des animations pas trop chères pour pouvoir sortir avec ses enfants.
Je suis un maire qui aime sa ville, qui reçoit les gens, et je pense que les gens sont contents de ça. Oui je crois que je fais le job ! Mais je ne ferai pas un autre mandat, parce que j’en aurai fait deux, et ça suffit.
Vous avez défilé, entre autres, avec Patrick de Carolis, maire d’Arles, sous la bannière « des maires unis pour la ruralité et les traditions. » À Béziers, de quelle façon se définissent, la ruralité et les traditions ?
D’abord ça a commencé par la tauromachie. D’ailleurs, je l’ai fait marquer à l’entrée de la ville. J’espère que d’autres villes vont le faire. Juste, écoutez : je ne suis pas du tout un fan de corrida, je n’aime pas trop ça. J’y assiste parce que je suis le maire de Béziers. Mais je n’ai pas de goût particulier pour la corrida, qui fait partie de l’Histoire de nos villes. Béziers, c’est la corrida, comme c’est le vin, comme c’est le rugby, et ça, j’y tiens ! Alors, je dis aux gens : vous n’aimez pas la corrida, vous avez droit. Vous détestez la corrida, vous avez droit. Mais arrêtez de nous emmerder ! Moi je n’oblige personne à entrer dans une arène voir une corrida. Alors, vous nous foutez la paix ! On demande juste qu’on nous respecte, avec nos différences.
Béziers ce n’est pas Strasbourg. Je n’ai rien contre Strasbourg ni contre Lille. Ici, on a une langue qui est enseignée dans certaines écoles qui s’appellent l’Occitan. On a une façon de vivre, on a une histoire particulière, on aime nos traditions, alors on veut les faire respecter que ce soit à Arles ou à Béziers, ou dans d’autres villes et villages, au-delà de nos divergences politiques. Et on l’a dit fortement, en manifestant ensemble à Montpellier.
On va parler d’un maire qui applique une décision de l’État : installer un Centre d’accueil de demandeurs d’asile. Ce maire c’est Yannick Morez, maire de Saint-Brévin, quel regard vous portez sur sa démission ?
C’est terrible, depuis les dernières élections en 2020, il doit y avoir presque 1500 maires qui ont démissionné. La démission des maires, c’est un danger pour la démocratie. À Béziers, que connaissent les gens ? Vous croyez qu’ils connaissent le conseiller général ou le député ? Ici, ils connaissent la députée, parce que c’est aussi ma femme. Mais d’abord la personne qu’ils connaissent, ce n’est pas le sénateur, c’est le maire, c’est leur interlocuteur.
Et là, cette espèce de bande d’ultra droite de fous furieux qui vont foutre le feu… [il se reprend]… il faudrait que je sois au conditionnel, faisons attention : on pense qu’ils ont foutu le feu à ses voitures et à sa maison. C’est des voyous, des criminels, et leur place est en prison. Donc je suis évidemment solidaire du maire de Saint-Brévin.
En 2018, je me retrouve à Saint-André-de-Cubzac, une petite ville à côté de Bordeaux. Je suis invité par les élus du coin parce qu’ils voulaient savoir comment je m’occupais de Béziers où les choses se passent plutôt bien. J’ai été jeté à terre. On m’a cassé la figure. J’ai eu quatre jours d’ITT, comme on dit.
Quel maire s’en est soucié ? Il n’y a pas eu de protestations de maires, à part trois de mes copains. Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que je ne voudrais pas que l’on se mobilise, que lorsqu’il s’agit de son camp. Moi je me mobilise, quel que soit le maire, quelle que soit son étiquette politique, je me mobilise pour lui, car il est victime de quelque chose d’insupportable.
Voilà j’aimerais que l’on retienne l’élan de solidarité, et que l’on retienne aussi, qu’il faut se mobiliser que ce soit pour une infirmière tuée par un déséquilibré, pour trois policiers tués par quelqu’un qui roule à contresens et qui a consommé de l’alcool et des stupéfiants, ou pour des maires qui sont menacés. Chaque fois, il faut se mobiliser, sans se soucier de l’étiquette politique des uns et des autres.
Depuis Béziers, votre voix porte au niveau national, vous êtes parfois un arbitre et souvent un promoteur important de l’union des droites, est-ce que le temps est venu pour vous, d’avoir un destin national ?
Je ne sais pas si ça se pose comme ça. Vous l’avez dit, je suis maire, encore trois ans. Je ne serai plus candidat. Je l’avais dit dès le début. Vous savez, je suis essoré de mon boulot de maire. Je suis fantastiquement heureux, c’est un mandat incroyable d’être maire. Vous faites des choses, vous changez concrètement la vie des gens. Vous changez la ville. Vous m’aimez ou vous ne m’aimez pas, Béziers en dix ans aura changé de visage, et tout le monde le reconnaît.
Ensuite j’ai appris un certain nombre de choses de mon métier de maire, j’ai appris un pragmatisme, je le suis bien plus que je ne l’étais au début de mon mandat. J’ai dit moi-même publiquement que je regrettais d’avoir dit ou fait certaines choses, il y a quelques années. J’ai appris ça !
Est-ce que cette expérience, là, peut être utile à un autre niveau ? Je le pense. Et je pense que demain, je ne sais pas si c’est moi ou avec quelqu’un d’autre, il faut faire en sorte que ce soit les maires qui aient le pouvoir dans ce pays. Parce que c’est les seuls que les gens aiment vraiment et c’est ceux qui sont le plus à même de parler des souhaits des gens, loin de la politique et des partis politiques.
Je pense qu’aujourd’hui en France, la démocratie est menacée par les partis politiques, et elle peut être sauvée par les maires.