[VIDEO] Castelnau-le-Lez : les voix de Sablassou s’élèvent, “On va dans le mur en appuyant sur l’accélérateur”
Ils étaient quelques-uns à se réunir sur les terres de Sablassou, à Castelnau-le-Lez, ce mercredi 20 mars. Mené par Vincent Nourigat, co-président du réseau In-Pact Occitanie, le collectif unissant 20 associations de la métropole était une fois de plus sur le terrain pour défendre la sanctuarisation des terres agricoles.
Un rassemblement qui colle à une actualité pour le collectif : l’envoi d’une lettre adressée à la Métropole. Dans cette lettre ouverte aux élus métropolitains, les signataires lancent un appel : “Aucun hectare ne doit être artificialisé à Sablassou”.
“Le sujet est apolitique”
Pour Vincent Nourigat, leader de ce rassemblement avec In-Pact Occitanie, un aspect doit être souligné avant tout argumentaire, le caractère apolitique de la dynamique lancée pour la protection de Sablassou : “Le réseau In-Pact Occitanie ne fait pas de politique. (…) On ne fait pas de politique politicienne mais nous portons la parole politique dans son sens noble, soit la vie de la société.” Si l’installation de la Clinique du Parc sur ces terres décrites comme “à haut potentiel agricole” est au cœur des protestations des 20 associations signataires de la lettre ouverte, c’est un sujet plus large que le collectif tente de porter jusqu’aux oreilles du président de la Métropole : “Cette terre est unique dans l’Hérault et elle est à proximité de Montpellier, dans la métropole, et à l’heure où on nous parle de souveraineté alimentaire et de crise des agriculteurs, on se dit que c’est ahurissant de ne pas la conserver dans sa totalité. C’est un secteur qui pourrait nourrir une bonne partie de la population”.
Et il tient à le souligner : l’objectif n’est pas de s’attaquer à l’équipe municipale en place : “On s’oppose à personne, nous ne sommes pas contre Frédéric Lafforgue ou du côté de l’opposition. Il s’agit de défendre des valeurs. Si la Clinique du Parc doit être déplacée, elle peut l’être, mais la Clinique du Millénaire est si proche de Sablassou qu’on ne voit pas la pertinence d’ajouter cette offre de soins ici, à Castelnau.”
Une position partagée par la majorité du collectif, dont l’association Maraîchons à Sablassou, représenté ce mercredi par Vincent Petit : “On se bat pour défendre quelque chose qui n’aurait pas besoin d’être défendu si les politiques étaient plus conscients des enjeux d’avenir et des effets du changement climatique”.
Interview de Vincent Nourigat, co-président du réseau In-Pact Occitanie
Se battre, mais pour quels enjeux ?
Ils l’affirment, d’après les près de 500 tests et observations qui ont été réalisés par les étudiants de Supagro, “cette terre est unique dans l’Hérault”. Mais encore ? “Il suffit de mettre les mains dans la terre pour voir que celle-ci contient beaucoup de matières organiques, qu’elle est peu dure donc facile à travailler, qu’il y a de l’humidité dès qu’on creuse, poursuit le co-président. On sait également que l’eau ne stagne pas, qu’elle passe rapidement dans l’aquifère, elle a une forte capacité de ressuyage. C’est optimal pour l’agriculture. Au-delà de leur culture, ces zones agrinaturelles doivent aussi restées libres en partie pour la biodiversité commune. Il ne faut pas négliger le pouvoir de ce poumon vert et sa capacité de rétention de CO2”.
Alors même si le projet a été révisé, revu à la baisse, l’inquiétude est à l’ordre du jour. “Le cap est le maintien de cette politique de l’autruche, on continue de foncer la tête baissée dans des programmes décidés il y a 30 ans. On va dans le mur en appuyant sur l’accélérateur, en disant qu’on ne peut pas faire autrement parce qu’on a déjà dépensé beaucoup d’argent”.
D’après lui, cette problématique pourrait trouver une réponse dans la “solidarité métropolitaine”, dans une politique qui permettrait de “ne plus toucher les espaces très urbanisés de la métropole et investir les communes proches délaissées”. Mais à cet appel, pour le moment, pas de réponses.
“On perd le lien avec la nature”
Face aux commentaires de certains, qui considèrent l’urbanisation partielle des terres de Sablassou comme une nécessité à impact environnemental limité, le collectif hausse le ton. “Quand on regarde une photo satellite des terrains, on voit que la menace de la bétonisation est proche, lance Vincent Nourigat. De l’autre côté de la voie de chemin de fer, il y a des immeubles neufs qui sont déjà une menace pour l’aquifère de Sablassou. Pourquoi ? Parce qu’ils ont des parkings souterrains qui pompent la nappe phréatique”.
La défense de ce qu’ils appellent “le grenier de la métropole” est selon eux un enjeux déterminant dans l’évolution de la commune et de l’est de la métropole, ainsi que le développement des générations futures. “C’est leur patrimoine et ils sont déjà concernés. On nous parle des circuits courts dans les cantines pour mieux nourrir nos enfants mais on va chercher la nourriture à 100 km de là. Comment expliquer que la distance entre le discours et les actes alors qu’il y a à Sablassou une terre qui pourrait les nourrir ?”.
Et s’ils voient d’un bon oeil la sanctuarisation de nombreux espaces verts par la municipalité, dans le cadre du plan “Un parc par an”, souvent utilisé comme contre-argument aux attaques sur l’urbanisation, pour Hugues Ferrand de l’association La Garance Voyageuse, il s’agit d’un tout autre sujet : “Il n’y a aucun volet alimentaire sur ce dossier, alors que sur les 800 hectares qui courent de Sablassou à Mauguio on sait qu’on peut faire des choses. Et acheter des terrains pour qu’ils soient inconstructibles, c’est bien, mais les bétonner beaucoup moins. Dans ces espaces, qui s’apparentent plus à des squares, on crée des chemins, on ajoute des équipements, on perd le lien avec la nature. Il faut garder des lieux comme celui-ci si on veut veiller aux générations futures”.
Interview Vincent Petit de l’association Maraichons à Sablassou
Rencontre-débat le 22 mars
Le 22 mars, une rencontre-débat sera organisée par plusieurs associations à la Salle Jean-Louis Barrault, à Clapiers, sur le thème “Les terres agricoles : un patrimoine menacé ?”. L’événement comprendra une présentation de l’état de l’agriculture dans l’Hérault par Vincent Nourigat, co-président du réseau InPact, suivi d’une réflexion sur les moyens de préserver et valoriser les terres de la métropole pour promouvoir une alimentation locale et de qualité, notamment en examinant la possibilité d’installer des maraîchers pour approvisionner la restauration scolaire. Un débat réunira ensuite des représentants de différentes organisations telles que Terre de liens, la Confédération paysanne, le Collectif Ceinture Verte, des associations environnementales et des représentants de parents d’élèves.