[VIDEO] Castelnau-le-Lez, urbanisme : “Il ne faut pas ajouter des bêtises aux bêtises” clame l’opposition
Castelnau-le-Lez, le 20 janvier. Ce samedi matin, habitants et militants se sont rassemblés avenue de l’Europe pour exprimer leur opposition à la politique d'urbanisation menée par Frédéric Lafforgue, le maire de la ville.
La mobilisation, centrée sur la construction de trois immeubles de neuf étages sur la 113 – face au Prado Concorde, aux Arcades et au niveau de La Boulange – et le déménagement de la clinique sur les terres de Sablassou, intervient quelques semaines avant le démarrage de la nouvelle enquête publique, annoncée en mars prochain.
“Il y a besoin d’espace, on a besoin de respirer”, Carine Barbier
Dès le début de la manifestation, Carine Barbier, conseillère municipale du groupe “Ensemble pour Castelnau”, n’est pas passée par quatre chemins, accusant le maire de la commune, Frédéric Lafforgue, de “défendre des intérêts privés, ceux des promoteurs”. Pour la pilote de la manifestation, si le maire considère que la modification du Plan Local d’Urbanisme, et donc la construction de 3 tours de 9 étages, avec 400 logements de prévu et 800 habitants supplémentaires estimés, relève de “l’intérêt général”, il en est tout autre. “Au contraire, l’intérêt général serait de préserver les espaces existants pour faire des équipements publics, des espaces verts, des espaces de rencontres, des services publics… Il y a besoin d’espace, on a besoin de respirer.”
Car si l’opposition dit être “POUR la création de logements sociaux”, qui pourront répondre en partie à l’explosion démographique de la commune (+65,2% en 11 ans selon l’INSEE), elle appelle à une meilleure réflexion autour de la politique urbaine : “Si on construit plus, on aura davantage de problèmes en termes de pollution en raison de l’augmentation de la circulation et pour l’instant on n’a vu aucune étude de mobilité qui prenne en compte l’afflux de personnes supplémentaires sur cette avenue.” Mais alors comment faire face aux difficiles marchés du logement, tout en prenant en compte ces données et suivre les consignes de l’Etat liées à la loi SRU ? D’après Carine Barbier, il n’y a aucune obligation à “construire des logements neufs et des immeubles neufs avec un petit pourcentage de logements sociaux pour répondre à la demande de l’Etat en matière de logements sociaux” : “Il y a beaucoup de choses qui doivent être faites dans l’habitat existant. Il y a des locaux et des centaines de bureaux qui sont vides, vous le voyez partout. Il y a beaucoup de choses qui peuvent être faites pour mobiliser les propriétaires, pour faire en sorte que ces logements soient mis au service de la population avec des loyers modérés”.
Face à cette politique urbaine qu’elle critique sans détour, elle encourage la réflexion, la participation, et surtout la réaction : “C’est aussi l’objet de la mobilisation d’aujourd’hui, les habitants doivent savoir que dans un mois, il faudra participer sur le site de la Métropole ou dans les registres qui seront prévus à la nouvelle enquête publique. La population castelnauvienne qui est excédée par cette densification, par cet urbanisme à la parcelle qu’on peut qualifier de sauvage doit s’exprimer. Nous pouvons faire échec à ces projets.”
[VIDEO] Interview de Carine Barbier (groupe “Ensemble pour Castelnau”) sur l’urbanisation de la 113 et de Sablassou
“Il nous propose d’ajouter des bêtises aux bêtises”, Henri Rouilleault
Henri Rouilleault, ancien élu à Castelnau et à la Métropole, a également partagé son opposition ferme au développement urbain de la commune : “Concernant la 113, le message important est qu’il ne faut pas ajouter des bêtises aux bêtises. Ça a été construit en dépit du bon sens.” Selon lui, ce n’est pas tant la hauteur qui inquiète, mais plutôt le manque de stratégie sur le long terme : “Si vous regardez un lieu comme le quartier Antigone, on peut se promener, les immeubles sont hauts mais il y a des limitations qui avaient été mises sur l’utilisation de l’espace au sol. Résultat, il peut y avoir des commerces, des endroits pour s’asseoir, des balançoires pour les gosses, on peut respirer. Ici, les seules limitations qui ont été mises étaient des limitations sur la hauteur. Maintenant, Lafforgue nous propose d’ajouter trois tours sur la 113 dont une juste derrière la statue du Général de Gaulle, au niveau de l’endroit le plus dense de Castelnau, où il y a déjà énormément de pollution”.
Le projet de construire trois nouveaux immeubles sur l’avenue de l’Europe et de déplacer la Clinique du Parc à Sablassou soulève selon l’opposition de nouvelles questions quant à l’artificialisation des sols et la diminution des ressources en eau. “Il y a toujours eu des problèmes d’inondation par ruissellement pour des raisons naturelles dans ce secteur, mais ils ont malheureusement été amplifiées par le type d’urbanisation car les maisons et jardins ont été remplacées par des immeubles, des arbres ont été abattus, les fossés qui permettaient autrefois d’évacuer l’eau de l’amont vers le sud et vers la zone de Sablassou vers le sud ont été comblés par les promoteurs qui ne tiennent absolument pas compte de ces besoins, avance Vincent. Notre opposition aux trois tours et à l’installation de la clinique sur Sablassou repose sur des raisons de bon sens hydraulique, si on ne fait rien, on peut s’attendre à ses conséquences dramatiques.”
La peur de l’artificialisation : témoignages de Castelnauviens
Florence Thiolet-Varray, habitante de Sablassou et représentante de Sablassou Association : “Évidement, on n’est pas contre le déplacement de la Clinique du Parc, loin de là. On veut garder le médical mais pas dans n’importe quelle condition. On veut que les terres à haut potentiel de Sablassou soient préservées, tout comme la nappe phréatique. Sablassou c’est une terre sablonneuse, drainante, riche. Si on continue à bétonner, à artificialiser, où on va? Est-ce que M. Le Maire a oublié qu’aujourd’hui, l’eau, c’est un bien dont on manque ? Un bien commun qu’il faut garder et pas pomper et rejeter sans autorisation. Et au passage on voudrait éviter également les expropriations parce que M. Le Maire, il positionne la clinique chez des gens. Pourquoi il ne le fait pas chez lui ? On ne veut pas le croire sur parole quand il nous dit qu’il y a certains endroits où ce n’est pas possible de déplacer la clinique parce qu’il y a des risques d’incendie. On y met une gendarmerie, un lycée, Castel Med Park et là ce n’est pas possible, c’est bizarre, non ?”.
Jean-Claude, habitant de la rue des Perrières, proche de l’avenue de l’Europe : “Dès qu’il y a un orage – et il n’y a pas besoin d’un épisode cévenol – il y a saturation par la rue des Centurions à cause de l’artificialisation des sols. L’eau dévale et s’engage notamment dans la rue des Perrières. On se retrouve avec 15 cm d’eau dès qu’il y a un orage. On récupère même les poubelles vides ou plus ou moins chargées, et régulièrement, les entrées d’immeubles se retrouvent avec de l’eau et de la boue. Le jour où il y aura un vrai épisode météo, on risque de retrouver des voitures dans le bas de la rue.”
Jackie Taffanel, chorégraphe dont l’activité se trouve au niveau du site Charles-de-Gaulle : “Je suis dans un ancien chai qui est daté de 1890 et possède des arbres centenaires, dont certains ont les racines qui sont sur la parcelle qui a été rachetée. Avec 9 étages annoncés, on doit s’attendre à la création d’un parking souterrain. Je croyais dans ma grande naïveté que le sous-sol était un bien commun, mais il se trouve que les propriétaires font ce qu’ils veulent sur leur terrain. Il faudrait annuler ce projet pour la protection du végétal, contre l’ajout de béton sur un carrefour qui est déjà hyper saturé. Cet été, entre le gaz carbonique et la chaleur, on sentait qu’on s’empoisonnait, on ne pouvait pas sortir. Moi je pousse un cri d’alarme pour la protection de ces arbres, dont le feuillage décarbone et amène de la fraîcheur dans un secteur qui en a bien besoin.”