[VIDEO] Congrès des Experts-Comptables : "De la facture électronique à la data”, les gardiens du chiffre se préparent au choc des données
Le 78e Congrès de l'Ordre des experts-comptables est sur le point de s'ouvrir au Parc des Expositions de Montpellier, à Pérols. L’édition 2023, qui s’annonce comme la plus grande jamais réalisée par la profession, s’intéresse à un sujet crucial : "De la facture électronique à la data : le début d'une nouvelle ère".
La révolution de la facture électronique
Pour mieux comprendre les conséquences de l’obligation d’éditer des factures électroniques, nous avons échangé avec la présidente de l’Ordre des Experts-Comptables, Cécile de Saint Michel, et Pascal Castanet, président de l’Ordre des Experts-Comptables de la région Occitanie.
Selon eux, la véritable révolution réside dans l’accès à la data que la facture électronique rend possible. “Ce changement stratégique ouvre de nouvelles opportunités pour les cabinets, défend la présidente nationale de l’Ordre des Experts-Comptables. Ils pourront répondre à la demande croissante de leurs clients en matière de services tels que la gestion complète des factures clients, la création de devis, et bien d’autres”.
Cécile de Saint Michel insiste sur ce point : “Nos clients ont besoin de nous, de notre accompagnement, de nos compétences. On va leur apporter un nouveau service pour les accompagner encore davantage.”
Selon elle, l’un des aspects les plus passionnants de la transition vers la facture électronique est l’accès à la data qu’elle offre. “Les factures électroniques ne sont pas simplement des fichiers statiques, elles contiennent une mine d’informations exploitables, ajoute-t-elle. Ces données sont essentielles pour aider les entreprises à prendre des décisions éclairées”.
Pascal Castanet développe : “On va avoir la possibilité de travailler avec les chefs d’entreprises sur leurs chiffres et leurs performances presque en temps réel.” L’accès instantané à ces données permettra aux experts-comptables d’offrir des analyses financières beaucoup plus pointues et de conseiller leurs clients de manière proactive. “Nous allons pouvoir identifier rapidement les tendances, les opportunités et les problèmes potentiels, précise-t-il. La data provenant de la facture électronique permettra également de réaliser des analyses concurrentielles approfondies”.
La lisibilité des informations, accessibles selon une série de réglementations homogènes, aura également des répercussions au niveau macroéconomique puisque les données extraites des factures électroniques pourront être utilisées pour améliorer la prévision financière. “Les experts-comptables pourront élaborer des modèles de prévision plus précis en se basant sur l’historique des données, ajoute-t-il. Cela permettra aux entreprises de mieux anticiper leurs besoins de trésorerie, de planifier leurs investissements et de prendre des décisions éclairées sur la croissance de leur entreprise. L’impact de cette transition ne se limite pas au niveau local, mais il pourrait également se faire ressentir au niveau national, voire européen, contribuant ainsi à une meilleure structuration du marché”.
En fin de compte, la révolution des données est au cœur de la transition vers la facture électronique. “Elle ouvre de nouvelles perspectives passionnantes pour la profession comptable, en transformant la comptabilité d’une simple obligation en un outil puissant pour la prise de décision stratégique”, résume la présidente.
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Les défis de la transition
Bien que la transition vers la facture électronique promette de nombreux avantages, elle n’est pas sans défis. Les cabinets comptables devront surmonter plusieurs obstacles pour s’adapter pleinement à cette nouvelle ère. L’un des défis majeurs réside dans la formation.
“Il va falloir que les cabinets s’adaptent et pour s’adapter il faut de la formation, poursuit Cécile de Saint Michel. Nous sommes en train, au niveau du Conseil national, de développer un plan de formation, comme il n’y en a pas eu de toute l’histoire de l’Ordre. C’est un plan de formation à hauteur de 4 millions d’euros pour développer des apprentissages afin de permettre aux cabinets de s’adapter à l’occasion du 78e Congrès, nous allons présenter les nouvelles formations qu’on a développées, dont seize qu’on a mises en place sur le sujet de la facture électronique et la data.” Selon Pascal Castanet, le report de la mise en place de la facture électronique obligatoire doit s’envisager comme une opportunité : “Le report va nous permettre d’avoir un peu plus de temps pour préparer nos cabinets, former nos collaborateurs, mais ça sera aussi l’occasion, puisqu’on est en pénurie de collaborateurs, de restructurer. En développant de nouvelles missions et en permettant aux membres de monter en compétences, nous sommes convaincus que l’attractivité du métier sera plus grande.”
L’acceptation des clients est également un défi amenant de grandes réflexions de la part des professionnels du chiffre. “Certains clients peuvent être réticents à abandonner leurs méthodes de facturation traditionnelles au profit de la facture électronique, précisent-t-ils. Les cabinets comptables doivent être prêts à expliquer les avantages de cette transition à leurs clients et à les accompagner dans le processus de conversion”.
Une autre préoccupation est la sécurité des données. Avec l’augmentation des échanges de données électroniques, les cabinets comptables doivent mettre en place des mesures de sécurité robustes pour protéger les informations sensibles de leurs clients. “Tous les sujets en lien avec la facture électronique et la data seront abordés lors du congrès, poursuit Pascal Castanet. Le but est de sensibiliser, d’aider les cabinets à prendre du recul pour mettre en route une nouvelle stratégie. C’est une nouvelle approche qui nécessite de passer par des formations, par des achats de certains logiciels, par la définition de nouvelles missions, du recrutement… Ce congrès est primordial pour se préparer à cette grande aventure que va être la facture électronique”. Un avis très largement partagé par la profession puisque près d’un tiers des membres de l’Ordre seront présents lors de l’événement. “C’est historique ! Ce congrès a toujours connu un grand succès mais les inscriptions sont impressionnantes cette année. Nous avons 6 400 inscrits sur 21 000 membres, et nous ne pouvons pas encore comptabiliser ceux qui assisteront aux présentations et aux ateliers en distanciel.”