[VIDEO] Data, IA, Expertises : « un champ des possibles infini, » Arnaud Cayzac
Ce n’est pas un petit truc, ce n’est pas un soubresaut technologique, c’est la révolution numérique de la facturation. Elle va bien au-delà du simple envoi de factures par email et promet de transformer en profondeur la manière dont les acteurs économiques interagissent avec les administrations et entre eux.
Arnaud Cayzac, expert-comptable, commissaire aux comptes, nous éclaire sur cette digitalisation de l’économie, liée à la facturation électronique et à la gestion des données. « Ce n’est pas un fichier PDF que l’on va envoyer en pièce jointe d’un email, c’est un fichier sur un format type TXT avec un certain nombre de données obligatoires et qui sont standards. » L’idée : engager une meilleure communication entre les divers outils informatiques et l’administration fiscale.
[VIDEO] Interview avec Arnaud Cayzac, expert-comptable, commissaire aux comptes, rapporteur du 78e congrès de l’ordre des experts-comptables :
Arnaud Cayzac, rapporteur du 78e congrès de l’ordre des experts-comptables, rassure : « c’est un chantier que la profession a pris à bras-le-corps depuis plusieurs années. » Des formations et des tournées d’information ont été organisées à travers la France pour préparer les acteurs du métier à cette révolution. Pour faciliter cette transition, « il y a une plateforme au niveau de la profession, au niveau d’ECMA, qui est la branche informatique de notre institution [ECF Languedoc-Roussillon] qui a développé une plateforme qui s’appelle jefacture.com, » ajoute Arnaud Cayzac. Cette plateforme est conçue pour aider à la fois les clients et les experts-comptables à franchir le pas vers la digitalisation complète de la facturation.
Si la Data et l’IA s’invitent dans la comptabilité : l’analyse des données qualitatives prend le premier rôle.
« C’est l’objectif, » affirme Arnaud Cayzac et il l’explique : « aujourd’hui, grâce à la facture électronique et à tous les éléments qualitatifs de la facture, des notions de quantité, des notions de volumétrie, des notions de date d’échéance, on va pouvoir avoir une communication d’import directe, sans traitement humain. » Le passage à la facture électronique ne se limite pas à une simple transposition du papier au digital ; il engendre des opportunités inédites pour l’analyse des données.
« Les algorithmes vont traiter, consolider au niveau des plateformes, pour obtenir des éléments comparatifs et des éléments qualitatifs, » explique Arnaud Cayzac. Les avancées technologiques, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle, promettent des analyses plus affinées. L’IA devient un outil de prédiction « on va pouvoir aussi consolider au niveau des plateformes, des fameuses PDP notamment, anonymiser les données et obtenir des éléments comparatifs et des éléments qualitatifs. On va pouvoir comparer d’une boulangerie à l’autre, si à volume de chiffre d’affaires commun, on va consommer dans l’une ou dans l’autre plus d’électricité, comprendre pourquoi on va pouvoir aller sur des éléments prédictifs en matière de projection de trésorerie, en matière de projection de développement et d’analyse aussi de risques éventuels, de défaillances par exemple avec des curseurs communs. » La technologie offre ainsi aux TPE et PME une chance de bénéficier d’analyses plus fines et pertinentes pour leur gestion. Et comme l’affirme Arnaud Cayzac : « c’est un champ des possibles qui est infini, charge à chacun de se saisir de ses éléments. » Le futur de la comptabilité s’annonce donc radicalement différent.
Nouveaux profils et vocations
« On le voit, sur les dernières années, on a besoin de plus de bras et on en manque cruellement. Et c’est un frein pour beaucoup de nos cabinets », explique Arnaud Cayzac. Mais l’automatisation des tâches de base en comptabilité va entraîner un besoin de redéploiement vers de nouvelles missions. « J’ai aujourd’hui dans mon cabinet, par exemple, un diplômé de Sciences Po qui est sur une vision plus macroéconomique », dit-il. La digitalisation rend possible l’arrivée de « nouveaux profils pour pouvoir enrichir nos équipes, de nouvelles missions pour mieux répondre aux besoins de nos clients, tout en gardant nos fondamentaux. » L’évolution technologique favorise l’apparition de nouveaux profils, et la comptabilité s’apprête à connaître une mutation sans précédent.
« Il faut que l’on soit tous unis. » Arnaud Cayzac
Une question se pose à Arnaud Cayzac : il va falloir aller chercher et aider toute la profession pour bien surfer sur cette révolution ? « Bien sûr, il faut qu’on soit tous unis, tous acteurs de cette réforme parce qu’elle va tous nous toucher. Le but c’est de ne laisser personne au bord de la route et c’est d’avancer tous ensemble parce que si notre profession saisit l’opportunité collectivement, forcément on ira plus loin et on créera au niveau de notre environnement un positionnement de l’expert-comptable central dans l’économie, » insiste Arnaud Cayzac.
Il reconnaît que l’ensemble de la profession ne sera pas nécessairement à bord : « nous ne pouvons pas obliger tout le monde. Il y a des personnes qui ne voudront pas évoluer. Il y en a peut-être qui ne se reconnaîtront plus dans ce métier-là […] certaines personnes n’auront pas envie de faire l’investissement nécessaire au changement de paradigme que l’on va connaître et elles souhaiteront quitter la profession. On ne peut pas l’éluder. »
Mais pour éviter une telle situation, des mesures sont en place pour guider la profession : « nous avons construit le 78e Congrès de l’Ordre des experts-comptables sur cette thématique, avec différents niveaux d’information et de formation pour continuer à aller chercher ceux des 22.000 confrères de France et consœurs qui n’auraient pas encore intégré la facture électronique, la digitalisation, l’avènement de la data dans leur démarche. Aujourd’hui, l’institution, globalement, va continuer à développer de nouveaux programmes de formation pour accompagner la profession dans cette nouvelle ère. »