[VIDEO] Hérault : le préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch, “Nos citoyens attendent de la justice et de l’action”
Premier conseil de classe pour François-Xavier Lauch, trois mois après sa nomination. Lors d'un point étoffé, le jeune préfet de l'Hérault s'est exprimé sur sa méthodologie d'action et les grandes priorités de ses services. Décryptage.
Arrivé le 9 octobre 2023, celui qui se définit comme “un préfet strict” depuis son arrivé dans le département a mené un long échange ce vendredi 12 janvier 2024. L’objectif : parler méthodologie et projets.
“J’aime le terrain”
Trois mois après son arrivée, le visage du jeune préfet de l’Hérault est déjà assez familier du grand public. Il faut dire que depuis sa nomination, François-Xavier Lauch a foulé de nombreux terrains, préférant le département au petit salon de la préfecture pour ses interventions. “J’aime le terrain, ce matin, j’étais encore sur la plaine de Mauguio, explique-t-il. Je suis un homme de dossiers, aussi, mais je ne me vois pas les traiter sans le contact du terrain.” Une approche qui, selon lui, marquera son temps dans le territoire : “Cette caractéristique va rester, va s’amplifier. J’ai besoin d’entendre les élus. Le préfet est là pour suivre si les règlements sont appliqués et adaptés.”
Pour répondre aux enjeux du XXIe siècle et aux défis spécifiques à l’Hérault, François-Xavier Lauch veut “frapper fort”, “avec l’aide des élus”, se définissant comme “un homme de décision qui ne fait pas l’économie du consensus avant de décider”. Et il ne compte pas se limiter aux affaires ayant trait à la sécurité, insistant sur le besoin d’état dans des domaines tels que le logement et l’environnement : “Dans l’Hérault, ce qui me frappe, c’est le besoin d’Etat, dans des champs qui sont régaliens certes, mais pas seulement. Partout, il y a un appel à l’Etat. Nos citoyens attendent de la justice et de l’action, avec de la proximité. C’est ma méthode.”
Quand on lui demande quels seront les moyens qui lui permettront d’appliquer sa méthodologie, François-Xavier Lauch ne passe pas par quatre-chemins : “Mes priorités sont les mêmes qu’il y a trois mois. Si la puissance du discours ne doit pas être négligée, c’est aussi le cas de la capacité à mettre les gens autour de la table, des incitations financières et de l’arme du contrôle. Depuis plusieurs semaines, j’entends l’appel des élus qui n’arrivent plus à avancer et souhaitent se réunir autour de la table, trouver des consensus. C’est mon rôle auprès des élus en tant que préfet.”
Une méthodologie “attentive et résolutive”, qu’il dit “loin de la politique”, qui servira le département de l’Hérault, territoire “qu’il aime déjà et se plaît à découvrir”. Un attachement croissant qui le motive à s’impliquer d’autant plus dans les dossiers qu’il continue de découvrir et de prendre en main : “Je suis un préfet heureux, même durant le week-end, en famille, j’explore le territoire, je découvre ses spécificités. Je suis conscient que j’ai du pain sur la planche”.
[VIDEO] Interview de François-Xavier Lauch
“Nous sommes attendus sur l’ordre public”
Pivot de l’action des services de préfecture : la sécurité, un sujet indémodable sur lequel François-Xavier Lauch sait qu’il est attendu : “Il y a une forme d’appel à la sécurité, nous sommes attendus sur l’ordre public, avance-t-il. Les citoyens veulent un meilleur respect de la règle, et nous devons envoyer des signaux, y compris moraux.” Montée des cambriolages, hausse des violences intrafamiliales, poursuite des trafics, il reconnaît que “le bilan est très contrasté dans le département”, “qu’il n’est pas très bon”.
Pour endiguer ces évolutions, le préfet de l’Hérault a rapidement décidé d’agir en lançant les dispositifs “Place nette” et “Tempête” en coordination avec la police, la gendarmerie, et nouvelle unité spéciale CRS 81, ce qu’il qualifie de “Trident de la sécurité”, “des pics qui viennent cibler avec unité”. Pour mener à bien le combat contre les trafics, pour interpeller les trafiquants et verbaliser les usagers, les services de la préfecture poursuivront ce travail et renouvelleront ces actions. La multiplication des contrôles dans les bars à chichas et chez les barbiers, le travail de la police des transports et l’installation des trois nouvelles brigades de gendarmerie feront partie de l’arsenal de la préfecture : “Ne boudons pas notre plaisir, ce sont des forces du réel qui arrivent, des forces en plus pour ralentir la progression de la délinquance. Au-delà de mon ambition de préfet en matière de sécurité dans ce département, il y a aussi une volonté de l’Etat d’investir dans ce sens au niveau national”. En face, les élus s’inquiètent des moyens mis à la disposition des services de l’Etat admet François-Xavier Lauch : “Nous allons faire appel à la réserve pour renforcer les effectifs, nous étudions également les opportunités de prêts de personnel entre les territoires, de mutualisation, de renfort par sécurité privée…”.
Les “12 travaux” de l’Hérault
Le pilier de la sécurité traité, le préfet de l’Hérault s’est lancé dans un inventaire à la Prévert, visant à mettre au clair ses positions et les avancées sur les principaux dossiers liés aux aménagements et aux transports.
Dans un premier temps, le représentant de l’Etat s’est réjouit des dernières actualités liées au Contournement Ouest de Montpellier (COM), rappellant que “la déclaration d’utilité publique (DUP) a été purgée devant le Tribunal Administratif et qu’il avait obtenu un avis favorable du Conseil d’Etat quant au financement”, avant de mettre l’accent sur la nécessité de poursuivre le travail sur l’autorisation environnementale, partageant “l’envie de respecter le calendrier tout en respectant les consignes”.
François-Xavier Lauch a ensuite abordé le sujet de la LGV, qu’il considère comme “une opportunité pour le département et la région”, même si c’est un “horizon plus lointain.” Même son de cloche au sujet de l’étude multimodale, dont le projet du RER métropolitain : “Je veux être dans le premier wagon de ces sujets”.
Aux côtés des “4 fantastiques”
En matière d’économie, le préfet annonce son engagement auprès des “4 fantastiques” du département de l’Hérault, à savoir les économies des énergies, de la mer, des ICC (Industries Culturelles et Créatives), et de la santé.
Il poursuit : “Nous avons un taux de chômage haut, de l’ordre de 9,8 %, mais la machine de création d’emplois fonctionne, elle est juste insuffisante pour accompagner l’évolution démographique du département”. Pour élaborer une stratégie payante, permettant de diminuer ces données alarmantes, le préfet compte sur France Travail : “France Travail va aider à cette lisibilité. Nous devons tendre la main aux personnes en situation de sous-activité, car derrière, il y a le sujet de la pauvreté. Au-delà de l’univers de Pôle Emploi, il faut leur mettre le pied à l’étrier, avec des dispositifs comme Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée.”
“La politique de l’autruche n’a jamais aidé personne”
Si certains de ces grands travaux sont attaqués, notamment par des acteurs écologistes, le préfet de l’Hérault appelle à la nuance, invitant entre autres les détracteurs du COM “à analyser ce qui consomme le plus entre une voie filante et des bouchons”. François-Xavier Lauch a d’ailleurs insisté sur son engagement envers l’environnement : “Je vais m’investir sur le changement climatique, à ce titre, j’ai lancé il y a quelques jours la COP territoriale, dont l’objectif majeur est d’annihiler le plus possible les émissions de CO2.”
Grâce aux données recueillies sur le territoire, “qui ne possède pas d’importantes implantations industrielles ou d’agricultures trop consommatrices”, les services de l’Etat ont déterminé que l’objectif fixé pour 2050 pourrait être atteint en attaquant sur deux fronts : la décarbonation des transports, notamment par le biais “des aides de l’Etat pour l’achat d’un véhicule électrique”, et l’isolation des bâtiments, pour laquelle “nous avons mis 40 millions d’euros de Prêts Verts dans le département”. Il a également exprimé le désir d’une approche particulière avec l’Agence de l’Eau et le Conseil départemental pour la préservation des ressources, pointant du doigt de belles avancées locales telles que la réutilisation des eaux usées traitées, et confirmant la tenue d’une réunion avec le président Kléber Mesquida.
Concernant la préservation de la biodiversité, François-Xavier Lauch a reconnu qu’il n’a pas de “baguette magique,” et a insisté sur le besoin de développer les énergies renouvelables : “Il faut qu’on lâche les chevaux !”. Plus étonnant, le représentant de l’Etat a plaidé pour le développement de la filière énergie bois : “Je veux qu’on travaille sur un puits de carbone dans le département, sur la forêt qui est en train de crever. On marche sur la tête sur l’économie du bois. Il faut couper la forêt, la régénérer, lui donner une chance.”
Puis le préfet a décidé d’aborder le sujet ô combien difficile du “trait de côte”, cette frontière invisible qui marque la limite jusqu’à laquelle peuvent parvenir les eaux marines. “L’Etat prendra les moyens nécessaires et sera prêt à aller loin pour protéger les gens avant que l’eau ne soit à leur pied, lance-t-il. Il faudra du temps, des échanges. C’est un sujet qui s’impose à nous de manière absolue”.
“Nous devons débloquer la machine”
En dernier point, François-Xavier Lauch a rappelé que l’Etat, et donc ses services, devait agir comme un “filet de sécurité pour les plus pauvres”, qu’il était urgent de “débloquer la machine”.
Concernant la santé, il défend la création de maisons pluridisciplinaires et de centres d’accueil pour prévenir toute saturation du système de santé : “Même si la situation n’est pas la même que dans les territoires plus ruraux, il faut aller vers des maisons pluridisciplinaires, réunir certains moyens et préférer les centres d’accueil aux urgences”.