[VIDEO] L'Éco de l'Hérault : Impasse des parfums fait revivre le patrimoine aromatique de Montpellier
Quatre amis montpelliérains se sont lancés dans une aventure exceptionnelle : faire revivre le passé de capitale mondiale du parfum de Montpellier, en créant 4 fragrances issues de fleurs du Jardin des Plantes.
Si le lancement officiel a eu lieu fin décembre en les murs du prestigieux hôtel Saint-Côme de Montpellier, l’aventure Impasse des parfums a commencé il y a 7 ans. Le professeur Francis Navarro, chef du service de chirurgie digestive et de transplantation au CHU et premier architecte de cette entreprise de restauration du patrimoine aromatique de Montpellier, a emmené avec lui Michel Wichegrow, qui s’est immergé dans l’histoire de la Ville et en a fait un livre, Mathias Gilles, spécialiste du marketing de luxe, et son frère Roger Navarro, gestionnaire de l’équipe.
Ensemble, ils décident de baser leurs parfums sur des fleurs blanches du Jardin des plantes de Montpellier. C’est avec Jordan Sarica, “nez” de Concept Aromatique, une entreprise du Sud spécialisée dans l’élaboration et la production de senteurs contemporaines, qu’il travailleront pendant 6 ans. Plus de 1000 essais plus tard, quatre fleurs ont été choisies pour en faire les notes de tête de leurs fragrances : la fleur d’oranger, le lilas, la tubéreuse et la fleur de lys.
Vient ensuite le temps du packaging. “Nous voulions, dès l’origine du projet, associer l’art et le parfum”, explique Francis Navarro. Les quatre amis ont alors demandé à l’artiste Frédérique Gilloux, formée au dessin à l’école des Beaux-Arts de Montpellier. “Nous l’avons laissée suivre ses inspirations, poursuit le chirurgien parfumeur. Ensuite, nous avons choisi et isolé tel ou tel détail de ses toiles pour habiller nos packagings et nos coffrets”.
La rencontre : Pr Francis Navarro, créateur d’Impasse des parfums
Hérault Tribune : Quelle est l’histoire d’Impasse des parfums ?
Francis Navarro : Tout a commencé lorsque je faisais mes études de médecine en travaillant comme infirmier libéral, il y a une trentaine d’années. J’avais alors la chance d’être logé dans une maison, quartiers des Aubes à Montpellier, qui était située Impasse des parfums. Alors que l’on m’avait demandé de ne pas aller dans le hangar au fond du jardin, j’y suis bien évidemment entré et je suis tombé sur des alambics et des flacons couverts de poussière. Il s’agissait d’une ancienne manufacture de parfums. Bien plus tard, alors que j’avais oublié cette anecdote, mon premier coup de coeur en lien avec l’aventure Impasse des parfums a été le Jardin des plantes, après que j’aie pu intégrer le corps professoral de notre faculté de médecine. L’histoire de cette faculté et de son jardin des plantes m’a toujours fasciné, et plus encore quand j’ai découvert ses prolongements, l’histoire des parfums de Montpellier, liée à celles de la botanique, de l’apothicairerie, de l’industrie des peaux.
[VIDEO] Interview de Francis Navarro, créateur d’Impasse des parfums
Car Impasse des parfums veut aussi rappeler la grande Histoire de Montpellier. Pouvez-vous nous la raconter ?
Montpellier, du XIII au presque XIXe siècle a été la ville des parfums avec des périodes extrêmement importantes. Tout commence avec Arnaud de Villeneuve, l’un des esprits les plus brillants et inventifs du XIIIe siècle, qui va se baser sur la distillation alcoolique pratiquée dans le monde arabe pour créer l’eau-de-vie puis l’alcoolat de romarin. Il invente ainsi le tout premier parfum moderne. Vient ensuite le temps des épiciers-apothicaires-parfumeurs. Sous le contrôle de l’École de médecine ils élaborent des élixirs thérapeutiques et prospèrent grâce notamment à la très renommée « thériaque de Montpellier », qui est l’une des plus substantielles de l’époque (jusqu’à 83 ingrédients). Plus tard, c’est la reine de Hongrie qui se met à utiliser l’eau de Montpellier à la fois comme un élixir de beauté, un remède efficace, une boisson et un parfum. Elle s’en asperge, s’en abreuve et comme par magie retrouve la jeunesse et la santé. Succès fulgurant! Versailles l’adopte. Louis XIV, Madame de Sévigné, plus tard Marie-Antoinette, tous sont “à la mode de Montpellier”. De véritables dynasties d’apothicaires-parfumeurs naissent et prospèrent à Montpellier : Matte, Fargeon, Catelan, Périer, Deloche… Sébastien Matte vend son eau de la reine de Hongrie partout en France et obtient la charge de pharmacien de Louis XIV, qui l’anoblit. Six montpelliérains reçoivent du Roi-Soleil les premiers brevets de maîtres gantiers-parfumeurs. La ville compte près d’une centaine de parfumeurs et devient la grande référence en matière de parfum.
Vous avez choisi de tirer seulement 500 flacons de chaque fragrance, pourquoi ?
Tout d’abord pour des raisons économique. Je remercie d’ailleurs Initiative Montpellier Pic Saint-Loup, qui nous a octroyé un prêt à taux zéro. Ensuite, c’est parce que c’est un parfum de niche, nous sommes vendus dans deux points de vente seulement à Montpellier, la Boutique Jean Gaillard (Impasse Lonjon) et la Pharmacie de l’Ecusson (6 rue Saint-Guilhem) qui nous ont demandé l’exclusivité.
Magnifique, je vous souhaite que c’est le début d’une success story