[VIDEO] Les Boutographies : « Les Anges du Caroux », la Résistance en lumière par Yannick Cano
Yannick Cano, kinésithérapeute et ancien skipper, mais surtout photographe passionné, nous plonge dans les méandres de l'histoire avec sa série de photographies captivantes intitulée "Les Anges du Caroux".
Né à Sète et actuellement résidant à Valras-Plage, il voue une véritable passion pour les paysages du Caroux, cette région qui a été le théâtre de la résistance à l’occupation nazie. Rencontre…
[VIDEO] Interview de Yannick Cano
C’est en côtoyant le colonel Jean-Baptiste Durand, alias Roch et en écoutant les récits poignants de cette époque que Yannick Cano a senti le besoin de rendre hommage à ce territoire chargé d’histoire. Ses photographies, exposées avec succès aux Boutographies de Montpellier l’année dernière, dépeignent avec finesse et émotion les moments cruciaux de la Résistance dans le Caroux et dans le Biterrois.
À travers son objectif, l’artiste nous transporte à l’église de Douch, à Rosis, où les premiers combats entre résistants et Allemands ont eu lieu, ou encore sur le Champ-de-Mars à Béziers. Mais son travail va au-delà de la simple capture d’images : il recrée également des “vraies fausses lettres” de maquisards, utilisant du papier d’époque et une vieille machine à écrire, offrant ainsi une immersion authentique dans cette période sombre mais ô combien glorieuse de l’histoire.
À travers ses photographies, Yannick Cano nous rappelle l’importance de se souvenir et de célébrer les actes de bravoure de ceux qui se sont battus pour la liberté. Ses œuvres constituent un témoignage poignant de la résilience et du courage du peuple français face à l’adversité. Rencontre….
Quelle est l’histoire derrière votre passion pour la photographie ?
Yannick Cano : « Au départ, c’est ma femme qui a souhaité investir dans un appareil photo Canon 7D, ce qui représentait une petite révolution car il était réputé pouvoir filmer aussi bien que des caméras professionnelles. Je me suis initié à la photographie en prenant des clichés de mon fils lors de nos séances de surf, toujours au bord de l’eau. Originaire de Sète, ma ville natale, j’aimais particulièrement capturer des images de la pointe courte. Cependant, c’est lors d’un stage au Centre photographique ImageSingulières que j’ai pris conscience que je prenais des photos sans véritablement pratiquer la photographie. Par la suite, j’ai cherché à approfondir mes compétences dans ce domaine. Je me suis alors tourné vers Arnaud Laroche à Montpellier, où j’ai appris l’importance du choix des clichés, de l’editing, ainsi que les techniques pour appréhender et interpréter une image. Je suis convaincu que c’est en progressant pas à pas que j’ai pu évoluer naturellement dans ce domaine.
Quels sujets ou thèmes vous inspirent le plus dans votre travail ?
Yannick Cano : « C’est ma région. Certains viennent ici pour quelques semaines, prennent quatre photos et espèrent ainsi décrire le pays… ce qui n’est pas représentatif. Quant à moi, je suis né ici, j’ai grandi ici, je vis cette terre et j’ai aussi ressenti le désir de documenter mon pays et de mettre en avant ses habitants, qu’ils soient natifs ou non. »
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre rencontre avec le colonel Roch et sur « Les Anges du Caroux » ?
Yannick Cano : « Le Caroux, je le connais depuis mon enfance. Mes grands-parents avaient une maison là-bas, et j’y passais mes vacances d’été. Depuis tout petit, lors de nos promenades en forêt, on évoquait des combats, des batailles. En se promenant dans le Caroux, on tombe forcément sur des stèles, des monuments aux morts, et c’était là, devant moi. J’ai souvent exploré le Caroux lors de randonnées, pris des photos, et il s’est avéré que les lieux que j’ai photographiés étaient des endroits où des combats avaient eu lieu. C’est ainsi que j’ai commencé à me documenter. Même si cela reste une fiction, je me suis appuyé sur des faits historiques réels. Grâce à une amie journaliste, j’ai pu rencontrer les enfants du colonel Roch, qui ont été très gentils. Le colonel a été habillé avec une belle veste, ornée de toutes les médailles qu’il avait reçues, et j’ai pu réaliser son portrait. Cette série a été exposée aux Boutographies 2023, en partie grâce à Arnaud Laroche.
Comment choisissez-vous vos lieux de prise de vue et quels facteurs prenez-vous en compte ?
Yannick Cano : « Je capture ce qui a du sens. Pour ces photos, je me suis concentré sur les chemins, les ambiances. Je n’allais pas photographier le Caroux sous un grand soleil alors qu’on pouvait mourir… Il me fallait un ciel un peu dramatique. D’ailleurs, dans cette série, les portraits sont tous un peu austères, les photos ont toutes une ambiance ténébreuse car c’est une histoire sombre. Pour les portraits, c’est la même chose. Je voulais des portraits un peu graves mais avec toujours une certaine lumière, car c’est quand même la base de la photographie. Je veux que ce soit esthétique, même si ce n’est pas très à la mode en ce moment. »
Comment envisagez-vous l’évolution de votre travail photographique à l’avenir ?
Yannick Cano : « Je crois que je vais continuer à faire ce qui me fait plaisir. D’ailleurs, je faisais partie d’une agence de photographes où il fallait aller tel jour, telle heure pour prendre une photo, faire ceci, faire cela, … je n’ai pas envie de contraintes. Je veux être libre de faire ce que j’ai envie, même si parfois je suis un peu frustré que mon travail ne soit pas assez exposé, notamment « Les Anges du Caroux » dans le Biterrois. C’est quand même une œuvre à la fois artistique et historique. »