[VIDEO] Les « tours » de 9 étages à Castelnau-le-Lez : c’est terminé, elles disparaissent ?
Nous sommes dans l’Hérault où une enquête publique a vu sa date de clôture repoussée comme pour se donner le temps de penser. Petite ville qui devient grande dans la métropole de Montpellier, Castelnau-le-Lez a donné l’exemple d’une participation citoyenne importante, avec des habitants inquiets pour l’actuelle majorité municipale qui serait atteinte de boulimie d’urbanisme.
C’est Frédéric Lafforgue, maire de la ville qui a apporté une information de poids, lors de la réunion publique du 13 mai 2024 au Kiasma, après une introduction de François Trusson, commissaire enquêteur sur la modification n°4 du PLU. Si ses collègues commissaires enquêteurs ne sont généralement « pas très friands » de ce genre de réunion, note François Trusson, il explique : « cette réunion va aussi finir de m’aider à forger un avis, avis qui n’est pas arrêté à ce jour, et qui ne le sera que lorsque l’ensemble des questions que vous vous posez et que je me pose auront reçu des réponses. » Puis il précise : « si la réunion devait tourner au pugilat, je lèverais la séance illico ! » Pas d’empoignades ce lundi, même si la salle attentive a souvent applaudi et soutenu les différentes interventions, en restant très dubitative sur les explications parfois difficiles de Catherine Dayre, directrice de l’aménagement et du patrimoine à Castelnau-le-Lez.
« La démocratie locale » l’anaphore du maire
18h10, le premier magistrat de la commune prend la parole et fait une annonce importante en usant d’anaphore. « La démocratie locale a ses règles que je ne peux imaginer transgresser. La démocratie locale, c’est à tous les niveaux une concertation permanente avec les acteurs de la vie municipale. La démocratie locale, c’est le respect que l’on doit au débat, même quand on mesure, comme ici à Castelnau, combien il s’est politisé. La démocratie locale, c’est aussi pour moi d’écouter attentivement mes amis, mes soutiens, mes collègues du Conseil Municipal et bien sûr le grand nombre de Castelnauviens que je rencontre au fil des jours. »
Sans goût pour la polémique et une prise de conscience des préoccupations
« C’est dans cet esprit que j’ai pris conscience de la façon dont ce projet, pourtant nécessaire pour de multiples raisons d’intérêt général, a suscité des préoccupations, principalement autour de la réalisation de trois bâtiments de neuf étages proposés avenue de l’Europe […] N’ayant aucun goût pour la polémique, aucune volonté de favoriser une surenchère politique des organisations locales d’extrême gauche, comme de leurs alliés, je pense utile pour Castelnau et nos concitoyens qui souhaitent une ville apaisée, de ne pas inscrire dans cette modification du PLU la possibilité de réaliser les deux immeubles de neuf étages imaginés sur les sites de l’actuelle Boulange et des Arcades, et de s’en tenir, sur ces deux sites, aux règles du PLU en vigueur. Quant au troisième immeuble situé à l’angle de la place Charles de Gaulle et au début de l’avenue de l’Europe, il s’inscrit dans la dernière phase d’aménagement de cette place […] Le projet architectural de cet immeuble devra être revu pour mieux s’intégrer au site avec une hauteur réduite à cinq ou six étages maximum. »
Puis Frédéric Lafforgue ajoute « l’ensemble de ces dispositions, que je vous annonce ce soir, seront proposées par voie d’amendements que je présenterai au nom de la majorité municipale aux services de la métropole sur cette modification du PLU de notre ville avant d’être soumis au vote du Conseil de Métropole. »
« Une légèreté très étonnante. » Julien Miro
Une surprise de taille qui conforte Julien Miro dans le bien-fondé de cette enquête publique prolongée. L’élu d’opposition, largement applaudi durant cette réunion, a reproché à la majorité le manque d’informations, « le manque de documents sur les bilans de circulation, de stationnement, de ressources en eau, d’impact sur les écoles et les crèches… » Avec cette annonce du maire actuel, le président de l’Observatoire pour Castelnau « trouve que cette histoire de 3 tours, 3 immeubles, on les appelle comme on veut, est traitée avec une légèreté très étonnante. Nous dire 48h avant la fin de l’enquête que finalement, il n’y en a plus trois, il n’y en a plus deux, ou il y en a une ! Ou, elle fait 8 étages, elle fait 9 étages ? Comment voulez-vous sérieusement que l’on puisse se prononcer ? » Julien Miro remercie François Trusson « d’avoir prolongé la date de fin de l’enquête », une décision qui offre un dénouement et des annonces qui permettront certainement de reconsidérer beaucoup d’éléments dans cette modification n°4 du PLU. Pour Julien Miro, concernant la majorité dirigée par Frédéric Lafforgue : « on voit le manque de sérieux avec lequel sont abordés les dossiers. »
Dans son Procès-Verbal de synthèse, le commissaire enquêteur confirme qu’il se prononcera « sur le projet tel qu’il a été présenté à l’enquête. » Mais il fera part de l’ensemble « des observations puisqu’elles sont nombreuses. » Côté collectivité, EPCI en l’occurrence, « sur le plan procédural, c’est par le jeu de la réponse à mon PV de synthèse que les choses se passeront. » François Trusson, souligne avoir « bien pris note de l’inflexion » et il fait remarquer : « c’est un cas de figure un peu particulier que le projet se modifie en cours d’enquête publique. »
[VIDEO] interview de Frédéric Lafforgue Maire de Castelnau-le-Lez et vice-président de la métropole :
[VIDEO] interview de Julien Miro, Conseiller municipal et métropolitain, Président de l’Observatoire de Castelnau :
« Frédéric Lafforgue est de plus en plus isolé. » Richard Corvaisier
Pour Richard Corvaisier, conseiller municipal d’opposition du groupe Ensemble pour Castelnau, « Frédéric Lafforgue est de plus en plus isolé, il a été contraint d’entendre les habitants de sa ville. C’est une belle victoire citoyenne, mais cela reste une demi-victoire. » L’élu d’EPC est revenu à plusieurs reprises sur des carences dans la modification du PLU soumise à enquête sur « le manque d’études sur des projets de mobilités sécurisées », sur le manque de propositions « d’îlots de fraîcheur et de nature préservée » comme d’une absence de « prise en compte de la sécurité vis-à-vis des inondations. » Richard Corvaisier affirme que l’enquête et cette réunion du 13 mai mettent en évidence « l’amateurisme et l’absence de vision de la majorité municipale de Castelnau Le-Lez et de Montpellier Méditerranée Métropole. »
Hugues Ferrand appartenant au même groupe d’opposition précise : « il faut saluer le courage du commissaire enquêteur d’avoir organisé cette réunion, parce qu’il a constaté lui-même qu’il y avait une insuffisance d’information de la population. »
[VIDEO] interview de Hugues Ferrand, conseiller municipal d’opposition du groupe EPC :
Enquête publique : une politesse démocratique ?
Une phrase glissée au cours des 2h de réunion publique est passée presque inaperçue, et pourtant elle peut paraître très révélatrice. Une phrase qui en dit peut-être long sur la notion d’enquête publique qui pourrait tout simplement n’être qu’une politesse démocratique, sans garantie de prise en compte. Anne Ringlet, directrice du Pôle Développement Urbain de la métropole de Montpellier a déclaré ce soir là : « aujourd’hui on se concentre sur la modification du PLU communal, en fonction du rapport et de l’avis du commissaire enquêteur. La métropole devra prendre en considération l’avis du commissaire enquêteur ou ne pas prendre en considération d’ailleurs l’avis du commissaire enquêteur, approuver tout ou partie de la modification avec les amendements que vient d’aborder monsieur le maire en introduction. » Explications. Interview.
[VIDEO] interview d’Anne Ringlet, directrice du Pôle Développement Urbain de la métropole de Montpellier :
Les cartes sont rebattues et comme dirait Henri Rouilleault, colistier de Mathilde Borne aux dernières municipales : « personne n’a le monopole des bonnes idées. » Reste l’inquiétude des habitants dans leurs questionnements « les rideaux se baissent » chez les commerçants. Les inondations, les embouteillages, la mobilité active difficile, les nappes phréatiques bousculées, toutes ces questions sembleraient s’installer dans les esprits comme des problématiques sans véritable prise en charge politique.
À l’applaudimètre, le grand vainqueur de cette soirée est un Castelnauvien qui a posé cette question : « j’ai une simple demande à faire, est-ce qu’il serait possible de faire un break, une halte dans les constructions à Castelnau ? »