[VIDEO] Lunel : “On n’a plus besoin de dire que les filles peuvent aussi faire du football, c'est acté”
Lena Nogueira n’est pas étrangère au terrain, ou aux crampons. Footballeuse depuis son plus jeune âge, ancienne élève de section sportive, étudiante en STAPS à Montpellier, la jeune femme met aujourd’hui ses qualités au service du développement du football féminin au Gallia Club Lunel.
Qu’est-ce qui dans votre parcours vous a conduit sur ce terrain ?
Lena Nogueira : À l’origine, je suis de Franche-Comté, de Besançon plus exactement. J’ai chaussé mes premiers crampons quand j’avais une douzaine d’années et j’ai eu la chance de pouvoir passer par les sections sportives au lycée pour me focaliser sur le football. C’était vraiment une super expérience qui m’a apporté beaucoup d’autonomie, d’organisation, de confiance en moi aussi. Et pour moi qui étais en internat, c’était vraiment la famille. Inspirée, j’ai fait deux ans de STAPS à Besançon en management du sport, mais comme j’avais envie de plus de concret, j’ai cherché des licences professionnelles et j’ai choisi celle en STAPS à Montpellier, en gestion et développement des services sportifs et des structures sportives. J’y suis toujours étudiante, avec une alternance au club.
A votre arrivée au Gallia, où en était le foot féminin ?
L.N : Quand je suis arrivée, le pôle féminin était ouvert depuis trois ans. Je suis là pour les débuts, mais le développement était en cours, il y avait le nombre de filles adéquat, et nous avions déjà quatre éducateurs qui donnaient du temps pour prendre en charge les quatre équipes féminines. Je précise qu’on a toujours besoin de bénévoles au stade Fernand Brunel ! Résultat, moi, je suis arrivée en octobre de l’année dernière pour co-construire et rendre pérenne la section féminine.
Le foot féminin est désormais plus médiatisé et on compte plus de 13 millions de footballeuses à travers le monde. Comment est-ce que ces évolutions se traduisent localement ?
L.N : C’est vrai que les dernières grandes compétitions, elles ont explosé en termes de médiatisation. C’était incroyable de voir ça. De voir aussi des hommes qui portent des maillots Selma Bacha. Ça fait plaisir aussi. Mais il reste toujours des choses à faire. La question, c’est d’identifier comment on peut les faire. Et pour nous, ça va être par le recrutement, en ouvrant de nouvelles sections… Petit à petit, nous avons plus de demandes, plus d’inscriptions, plus de questions aussi. On n’hésite pas à parler aux parents des garçons inscrits dans le club, à leur demander s’il n’y a pas une sœur, une nièce, une cousine, qui aimerait jouer. Pareil quand on se rend dans les établissements scolaires, le collège et les écoles, pour parler du projet de la section sportive féminine et du club. Même les garçons viennent nous poser des questions. Ils me demandent ‘Madame, qu’est-ce que vous faites ?’, et je leur explique. Ce qui est très agréable, c’est qu’ils me disent ensuite : ‘Je vais donner le papier à ma sœur’, ‘Moi j’ai une voisine qui aimerait en faire’, ‘Je connais une amie qui adore jouer’…
Vous avez d’ailleurs prévu de passer à une étape supérieure auprès des scolaires…
L.N : Exactement, avec le collège Frédéric Mistral, qui est à 100 mètres des terrains. L’établissement est déjà partenaire du Gallia Club Lunel à travers une section sportive, mais elle n’est pour l’instant ouverte qu’aux garçons. L’idée est de proposer la même chose aux filles, d’ailleurs, il y a des chances que la section devienne mixte. Nous sommes très heureux de travailler avec cet établissement scolaire, car il a une très bonne direction et toute l’équipe est intéressée par les projets de mixité. Ils ont suggéré l’idée et aujourd’hui ils nous suivent dans sa construction. Et la section s’ouvre pour les filles en septembre 2024 ! Toutes les filles qui rentrent au collège Frédéric Mistral peuvent venir postuler, même si elles ne sont pas licenciées au Gallia. Il y a des tests qui se feront le 27 mars 2024 dont les inscriptions sont accessibles jusqu’au 20 mars donc on est dans la dernière phase. En rentrant dans la section, elles auront accès à un cursus scolaire ‘classique’ aménagé de manière à ce que deux entraînements de foot soient calés sur deux après-midi.
Est-ce que c’est un cursus que vous conseillez à tous les profils ?
L.N : Il faut quand même avoir une bonne organisation dans son travail, être assez autonome. Nous ne sommes pas uniquement à la recherche de talents, nous voulons de bons comportements, que les jeunes soient assez débrouillards pour combiner les devoirs, l’attention en classe et le sport. Quelqu’un qui peine scolairement et aura besoin de toute sa concentration sur les leçons pourrait se retrouver en difficulté et sans temps pour rattraper son retard.
Vous êtes vous-même passée par une section sportive, avec du recul qu’est-ce que ça vous a apporté ?
L.N : Je le vois maintenant, mais en termes d’organisation dans mon travail, ça m’a beaucoup aidée. J’ai pris confiance en moi, car il y a tout de suite un sens des responsabilités. On mûrit assez tôt en passant par ce type de section.
Selon vous, est-ce qu’il y a un plafond de verre ?
L.N : On n’a plus besoin de dire que les filles peuvent aussi faire du football, c’est acté. Le football féminin existe, il y a de plus en plus de supporters, de spectateurs et les médias se sont mis à la page. Maintenant, notre rôle à nous est de nous structurer, comme dans les clubs accueillant des équipes masculines. En France, le milieu a connu beaucoup d’évolutions et il est important de continuer. À Lunel, nous avions du retard et nous sommes en train de le rattraper, dans l’idée de nous inscrire parmi les meneurs. Cela passe par une meilleure structuration pour le pôle, nous devons permettre aux filles de mieux se développer et de vivre de belles expériences riches en projets. L’autre projet à long terme est d’ailleurs de monter une équipe senior, soit de joueuses de plus de 18 ans.
Aujourd’hui, quelles formes prennent vos rêves pour le foot féminin ?
L.N : J’aimerais que les femmes de Lunel puissent se rendre compte que c’est une très bonne discipline et l’ouvrir à toutes, par le biais de journées 100% féminines par exemple ou d’après-midi conviviales. Pour ce genre de projets, on a la chance d’être soutenus par la Ville de Lunel, Lunel Agglo, le Point Information Jeunesse (PIJ), le club Ado, le service des sports et d’autres partenaires de confiance. Je souhaite aussi que le public se rende compte que le foot, ce n’est pas juste taper le ballon du pied, ça peut être aussi des moments de partage, il y a vraiment un objet social, une cohésion qui en découle. C’est ça qui est magnifique dans le sport collectif. Puis dans ce club, nous accueillons tous les profils, tous les niveaux, tout le monde peut trouver une place auprès de nous. Nous sommes une famille, c’est ça l’intégration. L’autre ambition est que j’aimerais qu’on arrive à mettre en avant le fait qu’il y a du niveau chez les filles et que c’est un terrain qui apporte beaucoup.