[VIDEO] Montpellier : Les transports dans les communes de la métropole, "c'est gratuit mais c'est pourri" selon Alenka Doulain

Alors que la Ville et la Métropole de Montpellier communiquent énormément sur la gratuité des transports en commun, l’opposition peine un peu à se faire entendre. Alenka Doulain, qui se saisit régulièrement de la question lors des conseils municipaux et métropolitains, s’est étonnée à la dernière assemblée de l’absence de “plan de financement”. Interview.

Vous avez récemment émis des doutes sur le coût de la gratuité des transports en commun dans la métropole. Pouvez-vous nous expliquer ?

Il y a un flou sur le coût, mais pire encore, il y a un flou sur comment va être financée cette mesure. Aujourd’hui, la majorité de M. Delafosse ne nous explique pas comment ils trouvent 30 millions d’euros par an. Le risque est grand que ça soit fait sur le dos des usagers, c’est-à-dire en dégradant la qualité du service public des transports. C’est un risque qui est avéré, puisque dès 2021, il y a eu une baisse de la fréquence horaire sur 8 lignes de bus et 1 ligne de tram. C’est d’ailleurs corroboré par un rapport de la Chambre Régionale des Comptes. Donc on était dans un contexte où l’offre était déjà insatisfaisante. Parce qu’il n’y a pas que le maillage qui fait la qualité. La ligne 5 c’est bien mais il faut aussi améliorer la fréquence et l’amplitude horaire. Ce sont des mesures qui nécessitent de mettre de l’argent sur la table, parce qu’elles demandent plus de chauffeurs, notamment.

Lors de ce même conseil de Métropole, le 1er vice-président Renaud Calvat avance que le versement mobilité payé par les entreprise de plus de 10 salariés couvre la totalité du coût de fonctionnement.

Sur le versement mobilité, je crois que c’est un argument qui est extrêmement fallacieux, parce qu’en fait, si de plus en plus d’entreprises cotisent au versement mobilité, ça veut dire qu’on a plus d’entreprises et donc plus de salariés. On va donc avoir des besoins supplémentaires en transport en commun. Théoriquement, il faut mettre de plus en plus de bus, de chauffeurs, de trams. Aujourd’hui, la réalité c’est qu’on ne nous a pas dit comment ces 30 millions vont être financés. On n’a pas eu de montant. On nous a annoncé des mesurettes sans plan de financement.

Donc pour vous la priorité n’est pas à la gratuité mais à la qualité de l’offre ?

Quand je demande aux gens autour de moi ce qui fait qu’ils ne prennent pas les transports, la première raison, c’est la qualité de service, la fiabilité. Les gens disent qu’il y a toujours du retard et que ça prend une heure de traverser la ville. J’ai l’impression que c’est le premier frein. Dans le centre de Montpellier, la qualité de service est à peu près convenable. Mais pas dans les communes de la métropole, les villages un petit peu éloignés du centre de Montpellier, qui participent à financer cette gratuité. Le service n’y est pas du tout au rendez-vous. Donc on va dire aux personnes de ces communes, c’est gratuit, mais c’est pourri. Si les gens continuent à prendre leur voiture, c’est parce qu’il n’y a pas de qualité de service acceptable.

Concernant la mobilité toujours, vous vous êtes exprimée contre le plan de circulation autour des quatre boulevards. Quels sont les principaux problèmes ?

Le problème sur les quatre boulevards, c’est qu’on est à nouveau face à une mesure que je qualifierais de dogmatique. C’est-à-dire qu’on cherche avant tout à communiquer. Fermer Albert-Dubout, très bien, mais quelles sont les conséquences et où va se faire le report de trafic ? Évidemment, elle s’est faite sur les quatre boulevards qui sont des axes qui n’ont pas du tout été pensés et aménagés pour recevoir autant de circulation. Aujourd’hui, une solution alternative existe, elle est connue de tous, elle est portée par le Collectif des quatre boulevards et consiste à mettre Albert-Dubout en sens unique, avec une vraie piste cyclable. Et puis d’avoir, dans l’autre sens, sur les quatre boulevards, un partage du report de trafic qui permettrait aux habitants de ces quartiers de respirer à nouveau. Parce qu’on est actuellement dans une situation où des habitants ont vu leur sommeil être gravement atteint, on a un niveau de pollution très important, et puis, avant tout, on a d’importants problèmes de sécurité. Je le dis régulièrement au Conseil, n’attendons pas un accident grave avant de nous remettre autour d’une table.