Faits divers — Montpellier

[VIDEO] Montpellier : “On n’a pas le droit de respirer”, François Ruffin sur le piquet de grève des salariés de l’entreprise Onet

Ce mercredi 15 novembre, François Ruffin, député de la Somme, a rejoint la 65e journée de mobilisation des salariés de la société Onet sur le piquet de grève.

“On n’a pas le droit de respirer”

“Cela fait 65 jours qu’on est en grève, lance Leïla, employée de la société de nettoyage Onet depuis deux ans. On ne demande pas grand-chose, on demande qu’on nous respecte, qu’on nous donne une quantité de travail qui correspond à notre temps de travail…”. Pour les salariés, “en souffrance” depuis plusieurs années, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est arrivée en septembre dernier, sous la forme de pointeuses. “Sans concertation, on nous a imposé un dispositif de traçabilité qui exige qu’à chaque fois qu’on passe dans les bureaux, on scanne avec un téléphone à l’entrée et à la sortie de chaque pièce. Dans le même temps, ils ont revu tous les protocoles. Et à aucun moment, ces tâches supplémentaires n’ont été calculées dans notre temps de travail. On n’a pas le temps, on court, on transpire, et si on discute 5 minutes dans les couloirs, on se fait gronder. On n’a pas le droit de respirer”.

Les salariés de l’entreprise numéro 1 de la propreté en France – qui a réalisé 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023 – réclament depuis 65 jour une révision de leurs conditions de travail, ainsi que l’obtention de fiches de poste plus précises – “dans le but d’éviter la multiplication des tâches”-, ainsi que la généralisation d’une prime équivalente au treizième mois pour faire face à l’inflation, dont seule une poignée d’anciens salariés bénéficient actuellement. “On se lève tous les jours à 4 h 30 du matin, on enchaîne les bureaux à nettoyer dans les hôpitaux, sans pouvoir prendre de pause, tout ça pour 900 euros par mois et on nous en demande toujours plus, lance une autre employée. Ils ont besoin de moi, moi j’ai besoin d’eux. Je suis payée pour quelque chose, je le mérite, donc j’ai droit au respect. Si je n’étais pas là, Onet ne serait pas là.”

“Où est l’Etat ?”

Ce mercredi 15 novembre, le député Insoumis François Ruffin a apporté son soutien aux travailleurs en grève. Il a pris le temps d’échanger avec les salariés avant d’interpeller l’Etat. “La question que je viens poser c’est : où est l’Etat ? Il a une double responsabilité, déjà parce que c’est l’hôpital le donneur d’ordre donc l’Etat, et l’Etat doit être le garant de l’ordre social, c’est-à-dire d’une certaine justice. Or là, il y a une situation qui est injuste”. Le député Insoumis de la Somme appelle à une intervention de l’État pour réunir autour de la table l’hôpital, Onet et les salariés. “Quand le président de la République disait lors de la crise Covid ‘il faudra se rappeler que le pays tout entier repose sur ces hommes et femmes que notre économie reconnaît et rémunère si mal’, c’est d’elles dont il parlait. Il y avait alors comme une promesse, que leur salaire serait revu, qu’elles pourraient bien vivre de leur métier. Or, il n’y a pas eu de revalorisation et au contraire, l’inflation vient même aggraver leur situation.” Si la notion de prime est corps au débat, François Ruffin tient à souligner la vraie nature de la crise au sein de la société de nettoyage, et tant d’autres : la valeur temps. “Aujourd’hui, l’objectif de l’entreprise est de chasser les temps improductifs. Selon moi, le travail devrait s’apparenter à de la brasse-coulée, soit une l’alternance de tâche et de respiration, et maintenant on est passé à l’apnée. Et vous l’avez entendu, on nous dit : ‘on ne respire plus’. Le travail, qui pourrait être une forme de réalisation de soi, devient une souffrance. J’ai une formule auquelle je suis attaché : ‘tous les habitants doivent vivre de leur travail, bien en vivre et bien le vivre.'”

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