[VIDEO] Montpellier : René Revol dénonce les propos “d’une totale irresponsabilité” de Didier Jaffre sur l’eau
Dans des propos rapportés par Le Canard Enchainé, Didier Jaffre, directeur de l’ARS Occitanie, aurait écrit dans un mail interne adressé à ses cadres : “il y a des PFAS (polluants) et des métabolites partout”, ainsi “l’eau ne doit plus être consommée”, et qu’il faut donc “privilégier l’eau en bouteille”.
Une communication et une réalité dénoncées par René Revol, président de la régie des eaux de Montpellier et Vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole.
NB: Les PFAS sont des substances chimiques utilisées dans divers produits industriels et de consommation, qui persistent dans l’environnement et l’organisme. Leur métabolisation peut entraîner des problèmes de santé tels que des effets sur le système immunitaire, le cholestérol, la thyroïde, et un risque accru de certains cancers.
Un coup de pouce aux industriels de l’eau en bouteille ?
“Les propos du mail, envoyé à des personnels et non pas des propos publics, sont d’une totale irresponsabilité, s’indigne René Revol. Ils m’apparaissent comme une invitation à soutenir les trusts de minéraliers qui vendent l’eau minérale à des prix exorbitants et qui polluent la mer de plastique”, ajoute-t-il.
Le président de la régie des eaux précise ensuite que les industriels de l’eau en bouteille auxquels il fait référence “vendent une bouteille entre 60 centimes et 1€ alors qu’un litre d’eau du robinet vaut 0,001 centime”. Malgré cette différence de coût, en France, la consommation d’eau en bouteille reste populaire. Avec 175 bouteilles vendues par seconde, cela fait 145 litres d’eau consommés par personne, chaque année, indique consoGlobe.
En tout cas, sur le fond de ce problème de polluants, pas de quoi s’inquiéter pour le maire de Grabels. “A Montpellier, concernant les polluants éternels, nous sommes très largement en dessous de toutes les normes. Nous avons très peu de ces polluants. Dans les mesures que nous faisons, 2000 par an, nous faisons à chaque fois la mesure de ces polluants alors que l’obligation légale ne sera qu’à partir de 2026. Nous avons constaté que leur présence était 5 fois inférieure à la norme précisée par l’ARS. Donc buvez l’eau du robinet, elle est très bonne”, conclut-t-il.
Comment la régie des eaux opère les vérifications de pollution ?
La régie des eaux de Montpellier regroupe 31 communes et couvre 85% de la distribution de la métropole. Elle opère une gestion globale. “La régie des eaux est chargée de la distribution, de la ponction de l’eau potable à tous les habitants d’un territoire donné, ainsi que de son assainissement”, explique René Revol. C’est à travers ce rôle d’assainissement que la régie vérifie la qualité de l’eau. “La Lutte pour la qualité de l’eau est très encadrée par l’ARS et le ministère de la Santé, avec des normes extrêmement précises […]. La régie fait des prélèvements et regarde si ces normes de pollution sont franchies”, précise son président.
Ainsi, les seuils de pollution, notamment par les PFAS, sont vérifiés à chaque étape.“Il y a plusieurs niveaux de prélèvements, indique René Revol. Le premier, c’est à la source du Lez […]. Le deuxième prélèvement, c’est à l’usine de traitement de l’eau, l’usine Arago sur l’ancienne route de Mende. […] Troisième niveau de prélèvement, c’est au niveau de la redistribution des pompes de relevage.[…] Enfin, le quatrième et dernier prélèvement, qui est le plus important, c’est celui au niveau des robinets des usagers”.
Sécurité sanitaire de l’eau distribuée aux usagers :”Très clairement, nous allons devoir changer d’approche et de discours ; il y a des PFAS et des métabolites [de pesticides] partout”https://t.co/kGWt7DBi8h
— Anne-Marie Ducroux (@AMDucroux1) November 10, 2023
Une mission d’intérêt public
Particularité de la régie des eaux de Montpellier : elle est 100 % publique. Un statut qui permet que “l’intérêt général prédomine sur les intérêts privés”, assure le président de la régie. “La régie publique n’a pas d’actionnaires. Elle ne distribue pas de dividendes […] la totalité de l’excédent d’argent est réinvesti dans la réparation de fuites, l’amélioration de la distribution, les efforts d’amélioration de la qualité de l’eau, toutes ces choses-là”, spécifie-t-il.
Une posture a priori garante d’accessibilité. “C’est pour cela que nous avons mis en place les 15 premiers m3 gratuits” précise René Revol. L’objectif : “faire en sorte que tout le monde ait accès à l’eau potable, y compris ceux qui ont les ressources les plus faibles” indique-t-il. De quoi garantir aussi l’efficacité écologique. “On n’est pas des marchands et le résultat, c’est que si on vend moins d’eau, on est content parce que ça signifie que les gens ont fait des efforts de sobriété et qu’on a abouti à ce qu’on préserve la ressource”, observe René Revol.
Une sobriété nécessaire pour l’or bleu
En effet, pas question de gaspiller cette ressource pour le vice-président de la métropoe“ […] aujourd’hui nous sommes dans un changement climatique, la ressource en eau va diminuer. Il faut que tout le monde apprenne à avoir une certaine sobriété pour préserver cette ressource vitale sans laquelle il n’y a pas de vie. C’est vraiment un bien commun universel qui doit être partagé par tous. Et cela suppose que tous ceux qui prélèvent dans la ressource en eau s’entendent entre eux, de manière democratique pour faire que les usages puissent être préservés” affirme René Revol.
Une sobriété qui doit pouvoir se provoquer. “Il faut pousser à la sobriété en faisant en sorte que le prix de l’eau augmente dès qu’on atteint des niveaux de gaspillage. C’est extrêmement important”, insiste le président de la régie. Cela passe aussi par l’amélioration des infrastructures : “il faut faire diminuer au maximum les réseaux qui ont des fuites, qu’on les renouvelle même si ça génère des travaux […] il faut les faire, car c’est l’avenir qui est en jeu” conclut René Revol.