[VIDEO] Opération “Tempête 34” dans l'Hérault : pour le préfet François-Xavier Lauch, "les personnes qui ont des choses à se reprocher vont devoir s’habituer"
20h30, parvis de l’Hôtel de Ville de Juvignac. Un quartier aux apparences tranquilles, légèrement animé par le flot des voitures et les brouhahas des commerces de proximité. Pourtant ce jeudi, plus d’une centaine de gendarmes sont intervenus lors d’une opération coup de poing. Son nom : “Tempête 34”.
Coordonner pour mieux frapper
Successeur du préfet “bulldozer” Hugues Moutouh, François-Xavier Lauch impose depuis bientôt quatre mois sa cadence. Face aux délinquants, aux trafiquants et aux consommateurs, il sera “l’Inflexible”. Après le dispositif “Place nette”, lancé en novembre en collaboration avec la police, le préfet de l’Hérault a lancé le 12 décembre “Tempête 34”, une seconde opération stratégique, reposant cette fois-ci sur l’engagement des différents moyens de la gendarmerie. Et les résultats sont déjà là.
Durant les trois premiers jours de contrôles, les 350 militaires engagés au quotidien, appuyés par le déploiement d’un hélicoptère, de la brigade cynophile et de la brigade nautique de Marseillan, ont pu intervenir dans divers secteurs du département tels que les pourtours de Béziers, Sète et Montpellier.
Lors de ces opérations “coup de poing”, 3 680 personnes et 2 825 véhicules ont été contrôlés, 40 interpellations ont été réalisées. Quant aux saisies, ces trois jours d’opération ont permis de mettre la main sur 39 kg de cannabis, 105 g de cocaïne, 16 170 € en espèces, 26 armes à feu, et un camping-car d’une valeur de 25 000 euros. Pour le colonel Thomas Deprecq, commandant du groupement de gendarmerie du département de l’Hérault, cette efficacité tient en la coordination des différents acteurs : “Le principe de ces opérations est de concentrer les forces dans un espace donné et dans une courte période, ce qui donne une impression de force. C’est très efficace. On agit ensemble car c’est vraiment ensemble qu’on est plus fort”.
Reportage : Opération “Tempête 34” à Juvignac, avec le préfet François-Xavier Lauch et le colonel Thomas Deprecq
“Rien n’est fait dans la légalité”
Si le dispositif “Tempête 34” a vocation à se reproduire aux quatre coins du département pour lutter contre les trafics et les réseaux illicites, l’opération qui s’est déroulée à Juvignac ce jeudi, à deux pas du centre commercial Les Portes du Soleil, avait un objectif encore plus précis : les établissements hors-la-loi. Commerces illégaux, non-respect de l’interdiction de fumer, absence de déclaration d’activité ou d’assurance, les autorités judiciaires et administratives ont fait front commun pour venir à bout de certains comportements.
Pour le maire de Juvignac Jean-Luc Savy, il n’y a pas de doute : “Pour affronter les personnes qui se jouent des silos, il faut faire preuve d’unité”. Et de l’unité, il y en a eu durant cette “Tempête”. C’est du moins ce qu’affirme Vanessa Demaria, commandante de la compagnie de gendarmerie de Castelnau-le-Lez, en détaillant l’ampleur du dispositif : “La première partie de l’opération s’est déroulée en simultanée dans les secteurs Castelnau et Saint-Jean-de-Védas, 65 gendarmes d’un côté, 65 de l’autre. On a fait les tramways, les véhicules, les piétons. Puis on a réuni tout le monde, soit 130 personnes, sur Juvignac, quartier Constellations. Là, nous avons fait des contrôles sur la route et, sur accord des bailleurs sociaux, dans les communs d’une dizaine de bâtiments. Ce soir, notre intervention se résume par le contrôle en simultanée de 8 établissements ouverts de nuit sur Castelnau, Grabels, Saint-Jean-de-Védas et donc Juvignac.”
Dans un des établissements contrôlés, une importante odeur de chichas et une quinzaine d’hommes qui tentent de cacher leur visage. La raison : aucun document ne fait état de cette activité. Pour le gérant, interpellé par le préfet, il s’agit d’une méprise qu’il s’apprêtait à corriger. Seulement, les gendarmes nous confirment qu’il n’en est pas à son premier avertissement, d’où sa présence dans la liste des “grands perdants de la soirée”… Pour François-Xavier Lauch, l’issue semble toute trouvée : “Il y a des chances qu’on le ferme définitivement”. Car selon le préfet, ces commerces ne sont que des façades : “Rien n’est fait dans la légalité. Ces établissements sont souvent vides et pourtant leurs caisses sont pleines. On sait qu’ils servent souvent à blanchir l’argent des trafics, dans d’autres cas, ce sont des plateformes de vente – pour des cigarettes de contrebandes par exemple – ou des lieux de stockage pour les dealeurs (…). Les personnes qui ont des choses à se reprocher vont devoir s’habituer à ce type d’opération. Il faut mener une lutte absolument dure contre ces trafics.”