Villeneuve-lès-Maguelone : des filets anti-projection installés autour de la prison pour lutter contre le "fléau" des colis interdits
L'installation de filets anti-projection à la maison d'arrêt est en passe d'être achevée. Un rempart pertinent pour lutter contre l'intrusion de substances et d'objets prohibés dans l'enceinte de l'établissement pénitentiaire mais pas suffisant, selon le syndicat Unfa Unsa justice. D'autant plus que cette mesure de protection créée des tensions en interne.
L’envoi de colis contenant des substances et objets prohibés dans l’enceinte de la prison est un véritable “fléau” auquel ces filets anti-projection sont censés répondre. “La problématique, sur beaucoup de prison comme sur celle de Villeneuve, c’est la proximité de la [route] départementale : on voit souvent des voitures s’arrêter et des personnes jeter des colis dans l’enceinte de la prison”, explique Marine Orengo, secrétaire locale du syndicat majoritaire Ufap Unsa justice.
“Drogue, téléphones, couteaux…”
C’est ainsi que de nombreuses substances et objets interdits – drogues, téléphones, nourriture, couteaux… – pénètrent à l’intérieur de la maison d’arrêt. “Tout cela arrive dans les mains des détenus qui peuvent ensuite les remonter en détention”, souligne la responsable syndicale. Faute de moyens humains et techniques nécessaires, les détenus ne peuvent pas être fouiller un par un lorsqu’ils réintègrent leurs cellules. “On a aussi une législation qui nous contraint, précise Marine Orengo. Les fouilles sont plus automatiques en sortie de parloirs, par exemple. Pour fouiller un détenu à corps, il faut motiver la demande. Sur une cour de promenade, on peut avoir de 50 à 90 détenus. On ne peut pas fouiller à corps tous les détenus, c’est impossible.”
Et de préciser : “En sortie promenade, les détenus passent sous un portique de sécurité comme à l’aéroport mais il ne détecte que les masses métalliques. Cela détecte certains portables mais pas tous, certains étant conçus pour ne pas sonner.”
Un détenu poignardé en avril
Un phénomène aux conséquences néfastes pour la gestion de l’établissement qui se termine parfois par un drame. Le samedi 22 avril 2023, un détenu a reçu trois coups de couteau au cours d’une bagarre avec deux autres détenus à la sortie d’une promenade. La lame, qui mesurait de 10 à 15 centimètres, est restée plantée dans la peau de la victime, un homme âgé de 27 ans, qui a été conduit à l’hôpital Lapeyronie de Montpellier suite à cette altercation. Les deux autres détenus, âgés de 20 et 26 ans, étaient en possession de cocaïne. “Ce jour-là c’était un détenu, demain ça peut-être un surveillant”, s’inquiète Marine Orengo.
“Les filets ont aussi tendu les esprits”
Le lancement des travaux pour installer ces filets anti-projection en octobre 2022 a donc été accueilli avec satisfaction par le personnel pénitentiaire. Beaucoup moins par les détenus. “Ces filets ont tendu les esprits. Il y a des cellules qui ont vu sur les travaux, les détenus savent donc qu’ils vont être sevrés d’éléments de confort, comme la drogue et les téléphones. Du coup, on a eu toute une vague avant l’installation pendant laquelle beaucoup plus de choses ont été projetées”, confie la surveillante. Dans un effet contreproductif, les filets ont, ainsi, eu pour conséquence d’augmenter le trafic interne et d’amplifier les projections de colis sachant que ce moyen d’approvisionnement serait bientôt verrouiller.
“Ils font de la reconnaissance par drone”
Mais les détenus sont inventifs. “Ils ont toujours un coup d’avance. Les filets anti-projection, c’est bien, mais les détenus ont d’autres moyens de faire entrer des colis”, regrette Marine Orengo. Comme par exemple les drones. “Les filets ont commencé à se voir de l’extérieur il y a un mois ou deux. Hasard ou pas, on a trouvé un drone lors d’une ronde le 18 avril, sur le toit d’un bâtiment où il s’est crashé. On a des preuves qu’ils font de la reconnaissance avec leurs drones”, assure la responsable du syndicat Ufap Unsa justice. Les travaux d’installation des filets devraient être achevés à la fin du mois de juin, à voir si les prisonniers choisiront la voie des airs pour passer à travers les mailles du filet à partir de là.