Villeneuve-lès-Maguelone : Véronique Négret, première maire de la commune, revient sur son arrivée en politique
Professeure, militante et première maire de Villeneuve-lès-Maguelone, Véronique Négret est arrivée à la tête de la commune en 2020. Un destin politique né sur le tard, fruit d’une intense réflexion et d’un engagement envers sa ville et ses habitants. Rencontre.
Jusqu’en 2020, rien ne vous prédestinait à une carrière en politique…
Véronique Négret : « Il s’agit en effet de mon premier mandat en tant que maire et de ma première fonction en politique. Je n’avais jamais eu d’étiquette politique avant de porter ma candidature. C’est un point que j’ai en commun avec un bon nombre de mes collaborateurs à Villeneuve-lès-Maguelone. Avant d’arriver à la mairie, j’étais professeure de sciences économiques et sociales au lycée. Une fonction que j’ai tenue pendant vingt-deux ans. Je suis en détachement depuis mon élection. »
Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à vous engager en politique ?
Véronique Négret : « Je n’avais jamais fait de politique mais j’ai toujours été engagée, au sens militant du terme. Au cours de ma vie, je me suis investie dans des mouvements, par conviction ou par opposition. Ce fut notamment le cas lors des débats sur la réforme des lycées. Le tournant politique s’est déroulé en douceur, deux ans avant les élections, au sein de ma bande d’amis. Lors de nos discussions, nous parlions de l’évolution de la ville, de la mauvaise direction que prenaient son développement, son urbanisation, sa politique écologique… Nous avions tous l’impression que les éléments qui faisaient le charme et la force de la commune étaient en train de disparaître, que les habitants étaient de plus en plus frustrés… Au départ, nous refaisions le monde sur le ton de la plaisanterie, puis, après des échanges avec un deuxième groupe de Villeneuvois, nous avons organisé une réunion pour nous concerter. Nous sommes entrés en campagne peu de temps après, en janvier 2020. »
Comment êtes-vous arrivée en tête de liste ?
Véronique Négret : « C’est une décision qui a été prise tardivement. Notre liste s’est officiellement lancée dans la course électorale le 14 janvier 2020 et nous l’avons structurée au fil des mois. Rapidement, plusieurs personnes m’ont demandé de porter la liste. En raison de mon investissement au sein du groupe, je sentais que cela risquait d’arriver, j’avais donc déjà pris le temps d’y réfléchir. J’ai tout de même demandé deux jours supplémentaires de réflexion quand la demande a été officielle. Il s’agissait de la première année de la mise en place de la réforme des lycées, un bouleversement dans le monde de l’éducation que j’ai assez mal vécu, alors j’ai dû poser le pour et le contre. Finalement, j’ai accepté de prendre ce rôle. Au premier tour, nous avons réalisé un bel exploit car nous sommes arrivés à la deuxième place, derrière le maire sortant Noël Segura. Pour le second tour, nous avons fusionné avec la liste de Christophe Derouch et, grâce à cette entente, nous avons réussi à nous imposer. »
C’est la première fois qu’une femme tient cette position à la mairie de Villeneuve-lès-Maguelone…
Véronique Négret : « Ma candidature n’est pas la première portée par une femme, mais c’est effectivement la première fois qu’une victoire en ressort. Personnellement, je n’ai pas beaucoup pensé à l’importance de ce symbole au moment de l’élection, et même après. Je me souviens que parmi les personnes qui me demandaient en tête de liste, certaines mettaient en avant qu’avoir une femme à la mairie serait une force. J’ai conscience que c’est un état de fait qui peut avoir de l’influence, que des votants peuvent me choisir ou me rejeter aussi parce que je suis une femme. Personnellement, je pense que je bénéficie de la faveur de l’âge. En vieillissant je trouve qu’il est beaucoup plus facile d’être une femme, y compris en politique. »
Comment avez-vous vécu les premiers mois à la mairie ?
Véronique Négret : « Nous sommes arrivés à la mairie après le premier confinement. L’ancienne mandature et la collectivité avaient déjà pris des habitudes pour faire face au virus ; nous les avons adoptées. Cette période difficile, sur les plans humain et économique, a eu pour seul mérite de nous accorder davantage de temps pour nos prises de fonction. La majorité de mes collaborateurs n’avaient jamais occupé de telles responsabilités, tout comme moi. Nous avons pu prendre le temps de découvrir et d’apprendre les rouages de l’administration, de dialoguer ensemble sur les grands chantiers à entreprendre, de parler de nos ambitions pour la ville… ».
Un dialogue que vous poursuivez aujourd’hui…
Véronique Négret : « Nous sommes une liste très participative, c’est ce qui donne beaucoup de dynamisme à notre politique. Il n’y a pas cinq personnes qui travaillent, mais une vingtaine. Ils mettent tous du cœur à l’ouvrage. Si nous ne sommes pas vigilants, la lourdeur administrative peut vite transformer des élus en ‘super-chefs de la collectivité’, qui passent leur quotidien à gérer des papiers. Avec mon équipe, nous avons à cœur de dépasser ce rôle. Nous pilotons l’administration et portons des chantiers qui vont permettre à la commune de mieux répondre aux besoins des habitants et des entreprises, tout en veillant à la bonne santé de l’environnement, si prodigieux ici. Pour inscrire ces ambitions dans une réalité, nous avons conduit et commandé des diagnostics. Grâce à ces documents, nous avons une vision globale des enjeux de la commune. Nous refusons d’agir au cas par cas, comme ce fut le cas lors de la dernière mandature. De nos jours, il est nécessaire d’avoir une stratégie d’ensemble pour faire avancer la ville et améliorer le quotidien de nos habitants. »