Santé — Montpellier

À Montpellier, il y a urgence aux urgences : "On favorise la dégradation des états de santé"

Délais d’attente interminables, manque de lits, personnels épuisés… la situation aux urgences du CHU Lapeyronie est effrayante selon la CGT : "Nous avons des soignants qui pleurent, qui baissent la tête par honte de la situation”.

Un système au bord de la rupture

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les passages aux urgences de l’hôpital Lapeyronie ont augmenté de 8,5 % par rapport à 2023, selon la CGT. Une quinzaine de brancards s’entassent régulièrement dans les couloirs, “occupés entre 12 et 17 heures avant qu’un médecin puisse intervenir”. Une hausse qui intervient alors que l’épidémie de grippe n’a pas atteint son paroxysme dans le département : “Le chaos est là alors que l’épidémie n’a même pas atteint son pic”, avertit Françoise Gaillard, secrétaire CGT du CHU. 

La CGT s’inquiète des “pertes de chances” pour les patients vulnérables : “Quand une personne âgée de 85 ans reste seule sur un brancard pendant 12 heures, c’est inadmissible. On favorise la dégradation de son état de santé”, martèle Françoise Gaillard. On ne peut pas se permettre d’économiser sur des vies.”

Si des mesures ont été prises, telles que l’ouverture de lits surnuméraires et le renfort de personnels, elles sont aujourd’hui “insuffisantes” selon la CGT : “La situation actuelle est le résultat l’accumulation de mauvaises décisions, de restrictions budgétaires et d’un financement de la Sécurité sociale obsolète”. La secrétaire CGT du CHU déplore : “Depuis 7 ans, on nous impose des économies alors que l’hôpital public ne peut plus en faire. Il faut absolument revoir le mode de financement des établissements de santé.”

Des soignants fragilisés

Si les responsabilités sont mises sur l’État, le syndicat pointe une part d’inaction de la direction, notamment suite au non-déclenchement du plan blanc. “C’est une mesure qui ordonne la déprogrammation d’actes non urgents pour libérer des moyens, mais jusqu’à présent, la direction refuse, car cela impacte les recettes. La gestion actuelle des hôpitaux en France favorise une logique comptable au détriment des patients et des soignants.”

Ce sont donc les professionnels de santé qui subissent de plein fouet la situation : “Ils sont à bout, alerte Françoise Gaillard. Cela fait un an que nous vivons une situation de crise permanente, comparable aux périodes d’épidémie ou de forte affluence estivale. Mais cette fois, la crise dure. Les soignants marchent les yeux au sol, honteux de ne pas pouvoir offrir des soins dignes.”

Le signalement pour “danger grave et imminent” déposé par la CGT reflète cette situation dégradée et dégradante. Philippe Peretti, infirmier et secrétaire adjoint CGT au CHU, explique : “Cette procédure est exceptionnelle et correspond à une mise en danger des agents ou à des conditions de travail si dégradées qu’elles affectent directement la qualité des soins. Et nous sommes au bout du bout. Certains collègues pleurent dans les couloirs, d’autres présentent des signes de burn-out sévère. Comment voulez-vous assurer une prise en charge correcte dans ces conditions ? Ce qui est en jeu, ce n’est plus seulement la qualité des soins, mais la survie même du système. Nous avons besoin d’un sursaut, d’une prise de conscience à tous les niveaux.” En attendant la rencontre avec la direction du CHU , un rassemblement est prévu le 14 janvier à partir de 9h00 devant le centre André Benech.

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