Affaire Pissarra : comment le village de Montblanc vit-il l’affaire ?
À Montblanc, commune paisible comptant environ 3 000 habitants, le quotidien a été bouleversé par le procès Pissarra... Témoignages.
Depuis lundi 20 janvier, ce drame familial occupe le devant de la scène médiatique et secoue le village. Pour rappel, une habitante de la commune est jugée pour avoir affamé à mort sa fille Amandine, âgée de 13 ans en 2020. Ce mardi 21 janvier, au deuxième jour de son procès, la mère a pour la première fois reconnu les faits devant les Assises de l’Hérault.
Un village muet sous le choc
Ce mercredi 22 janvier, dans les ruelles du village, l’affaire suscite de nombreuses discussions, mais rares sont ceux qui acceptent de s’exprimer sur ce drame. Beaucoup ne se souviennent plus de cette mère de famille, notamment en raison de changements dans le quartier. De nouveaux habitants sont arrivés, et des commerces, comme une boulangerie installée depuis plusieurs années, ont pris place dans les locaux où elle tenait autrefois une onglerie. Un sujet qui intrigue autant qu’il demeure tabou. Nous sommes allés à la rencontre de quelques passants pour recueillir leurs impressions. Les avis divergent, certains réclament une condamnation exemplaire, d’autres appellent à la sérénité pour préserver l’image du village.
Un homme d’une cinquantaine d’années s’indigne : « C’est horrible, ce qui s’est passé. Il faut qu’elle soit jugée à la hauteur de ce qu’elle a fait et qu’elle finisse en prison. Maintenant, notre village doit retrouver toute sa quiétude. » Pour une mère de famille, le choc est encore récent : « Je suis choquée… Je n’étais pas au courant de cette histoire. J’ai découvert cela à la télé il y a quelques jours. Ce dont nous entendons parler est vraiment horrible. Comment peut-on faire ça à sa propre fille ? C’est incompréhensible. »
La colère face à l’inaction
Certains habitants expriment leur frustration envers ce qu’ils perçoivent comme des défaillances du système. Une trentenaire, mère de trois enfants, déplore : « Pour moi, tout le monde est complice. Ils savaient tous, et personne n’a réagi. Le père, l’école, la famille, pourquoi personne n’a rien dit ? Tout le monde savait. » Une jeune femme de 30 ans s’indigne : « Honte… Aucun mot n’est assez fort pour des personnes horribles et pour tous ceux à côté qui n’ont rien fait. Que cette petite ne soit pas morte pour rien, s’il vous plaît. Une vraie justice et condamnation, pas d’excuses. L’école de la jeune victime aurait effectué trois signalements, tous restés sans suite.” Cette révélation attise l’incompréhension et nourrit les débats sur les responsabilités partagées dans cette tragédie.
Un élan de compassion pour Amandine
Malgré la colère et la douleur, beaucoup d’habitants expriment leur tristesse et rendent hommage à la mémoire d’Amandine. Une montblanaise confie : « Cette histoire m’a énormément bouleversée. Pauvre petit ange. » Une mère de famille du village voisin, Saint-Thibéry, partage ses émotions : « Je ne suis pas de nature à juger, mais comment peut-on laisser son enfant, son sang, sa chair, mourir ainsi ? Une grande pensée pour cette jolie étoile qui, j’espère, repose en paix après tout le mal qu’elle a subi. »
Alors que le procès entre dans son troisième jour, mercredi 22 janvier, les habitants de Montblanc oscillent entre le besoin de justice et celui de retrouver leur sérénité.