Grands projets urbains : l'Agglomération Hérault Méditerranée entre patrimoine et innovation

Ces initiatives, étendues sur des domaines variés tels que la rénovation patrimoniale, le développement économique, la revitalisation urbaine, et la protection environnementale, promettent de transformer durablement le territoire. Tour d’horizon de quelques chantiers.

L’imposante abbaye de Saint-Thibéry, située au cœur historique de la commune, fait l’objet de travaux d’urgence visant à la mettre hors d’eau et hors d’air. Ces travaux, prévus sur 12 à 13 mois, concerneront les quatre ailes du monument ainsi que son grand escalier. L’entreprise Muzzarelli, spécialisée dans le gros œuvre, la démolition et les étaiements, conduit ce chantier d’envergure. L’Agglo Hérault Méditerranée a classé ce monument d’intérêt communautaire et engagé les études nécessaires à sa restauration. Pierre-Jean Trabon, architecte en chef des monuments historiques, souligne : « Les premiers constats ont révélé un état très dégradé, nécessitant des travaux urgents sur le grand escalier et la toiture de l’aile orientale. Les charpentes et couvertures seront restituées à l’identique, et des interventions ciblées permettront de garantir l’étanchéité des toitures de l’aile méridionale. » Le chantier, chiffré à 1 075 500 € HT, est subventionné à 30 % par la DRAC.

L’abbaye, fondée au VIIIᵉ siècle sur une ancienne église consacrée aux martyrs Thibéry, Modeste et Florence, a connu une histoire mouvementée. Devenue abbaye royale en 1479 sous la protection de Louis XI, elle a subi de lourdes transformations au fil des siècles. Après son abandon lors des guerres de Religion, elle renaît sous la Congrégation de Saint-Maur, qui entreprend d’importants travaux. Toutefois, avec la vente des bâtiments en 1790, le site entre dans une période de déclin, aggravée par l’absence d’entretien depuis la fin du XXᵉ siècle.

Avec un investissement privé de plus de 30 millions d’euros, la zone Héliopôle, surnommée « Terres de Bessan », prend forme. Stratégiquement située près de l’échangeur de l’autoroute A9 et de la RD13, elle vise à devenir un carrefour économique majeur, créant plus de 200 emplois. S’étendant sur 5,7 hectares avec 17 600 m² de surface de plancher, dont 9 600 m² pour la vente, le complexe accueillera une quinzaine d’enseignes variées : Action, Intermarché, Picard, Biocoop, Centrakor, McDonald’s, et bien d’autres. Le site comprendra également un complexe hôtelier B&B, un institut de beauté, et des boutiques locales telles que Flore et Sens et La Maison des Terroirs. Stéphane Pépin-Bonnet, maire de Bessan, affirme que « Héliopôle représente une diversification économique essentielle pour la commune, combinant un centre-ville actif et un espace commercial périphérique tout en préservant l’identité du village. » Les travaux ont commencé en septembre 2023, avec une ouverture complète prévue pour juin 2025.

Le cœur de ville d’Agde est en pleine métamorphose grâce à un projet de réhabilitation urbaine, estimé à 34,5 millions d’euros. Ce programme vise à revitaliser un centre historique longtemps confronté à des problématiques de vétusté, d’insalubrité et de manque d’attractivité. Plusieurs chantiers structurants sont en cours et se poursuivront en 2025. L’îlot Brescou, en cours de réhabilitation, illustre les efforts pour transformer des logements insalubres en espaces de vie modernes et confortables. Parallèlement, la requalification de la Promenade, un axe central de la ville, met l’accent sur la revitalisation de cet espace public stratégique, tandis que la place Gambetta bénéficie d’aménagements visant à renforcer son attractivité. Les efforts de réhabilitation s’étendent également à l’îlot de l’Amour et à l’îlot Terrisse, où l’habitat ancien fait l’objet de travaux de rénovation, et aux rues commerçantes Louis Bages et Jean-Jacques Rousseau, reconfigurées pour dynamiser l’activité économique locale. Ce vaste programme s’inscrit dans le cadre du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain, Agde ayant été désignée comme un quartier prioritaire de la politique de la ville d’intérêt régional par l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU). Lors d’une visite récente, Anne-Claire Mialot, directrice générale de l’ANRU, a souligné l’importance de cette initiative : « Cette intervention ne concerne pas uniquement l’amélioration des logements, mais vise aussi à transformer l’espace public pour redonner de l’attractivité au quartier. C’est à la fois une intervention sur l’habitat, mais aussi sur l’espace public et les équipements publics. » Financée à hauteur de 9,8 millions d’euros par l’ANRU, cette transformation bénéficie également du soutien de la ville (7,2 millions d’euros), de la Communauté d’Agglomération Hérault Méditerranée (5 millions d’euros), du Conseil Régional (2,4 millions d’euros) et du Conseil Départemental (100 000 euros).

La rénovation de la toiture de l’église de Florensac marque une étape significative dans la préservation du patrimoine local de la ville. La nouvelle couverture, composée de tuiles flambant neuves, est doublée d’un film protecteur garantissant une étanchéité optimale. Les travaux sur la toiture principale sont achevés, la pose des gouttières vient de commencer. Cependant, le chantier est loin d’être terminé, car il se prolongera par des interventions sur le chœur de l’édifice. Vincent Gaudy, maire de Florensac, salue la qualité du projet : « C’est un chantier d’une qualité rare, réalisé par des personnels particulièrement compétents et passionnés. En ces temps où “l’à-peu-près” devient la norme, c’est un plaisir de voir qu’il reste des travailleurs aux hautes exigences. » Le coût total de cette opération s’élève à 530 000 € TTC, financé en partie par une subvention du Conseil Départemental de 80 000 € et un remboursement de TVA de 9 000 €, laissant un reste à charge de 441 000 € pour la commune.

Dans le cadre de son projet territorial “Cap sur 2030”, l’Agglo innovante pour la protection du littoral à Vias-plage avec le dispositif S-Able. Ce système consiste à immerger, dans la bande des 300 mètres, des filets de pêche lestés pour atténuer la houle et favoriser la reconstitution de dunes sous-marines. Fonctionnant comme un frein au flux sédimentaire provoqué par les vagues, ces filets, grâce à leurs mailles très fines, permettent de capturer les grains de sable qui se déposent et forment progressivement une dune sous-marine. Cette barrière naturelle contribue à réduire la puissance des vagues en période de houle et à limiter l’érosion des plages. L’Agglo Hérault Méditerranée explique que « le dispositif sera suivi scientifiquement par le CEREMA, l’EID Méditerranée et BIOTOPE au travers de six campagnes d’études prévues jusqu’en décembre 2025. Ces suivis analyseront son efficacité avant, pendant et après son installation, ainsi que lors des périodes de tempête. » Installée sur un fond compris entre 5 et 6 mètres de profondeur, cette solution écologique et sans danger pour les poissons permettra, à terme, de limiter le recul du trait de côte. Le coût total de ce projet est estimé à 2 034 662 € HT, dont 246 581 € pour les études et expertises, et 1 788 081 € pour les investissements matériels. Le financement est assuré à 38,25 % par l’Agglo Hérault Méditerranée et subventionné à 30 % par l’Union Européenne, à 15 % par la Région Occitanie, à 15 % par le Département de l’Hérault, et à 2,75 % par l’État (PITE).