Hérault, narcotrafic : pour le préfet François-Xavier Lauch, "la fermeté paye toujours"
Le préfet de l'Hérault François-Xavier Lauch a dévoilé sa feuille de route pour l'année 2025 devant la presse, jeudi 9 janvier. Sans surprise, priorité sera donnée à la sécurité et à la lutte contre le narcotrafic.
On prend les mêmes et on recommence. François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault depuis octobre 2023, annonce sans ambage que “les priorités pour l’année 2025 n’ont pas changé par rapport à celles de 2024”. À savoir “répondre au besoin de sécurité exprimé par les élus et les citoyens”, selon lui, en actionnant les leviers à sa disposition voire même en appelant à modifier la législation pour en renforcer certains, notamment sur la question du blanchiment de l’argent sale.
Rejoignant l’avis du maire socialiste de Montpellier Michaël Delafosse, le préfet de l’Hérault estime que “les maires devraient pouvoir décider de l’implantation des commerces”. Et de glisser : “J’adore manger des kebabs mais on n’est pas obligé d’en avoir trente sur son seuil.” François-Xavier Lauch faisant ici allusion au blanchiment de l’argent sale se faisant, notamment, par le biais d’ouvertures de commerces de façade.
“Donner plus de pouvoir au préfet”
Louant l’action des autorités en 2024, il a d’ailleurs rappelé que “101 commerces, dont 70 à Montpellier, ont été fermés” au cours de cette année (blanchiment, trafic de tabac, stups), conduisant à quatre gardes à vue et une interdiction d’ouverture de commerce de quinze ans pour le gérant du Tanker, rue Eurydice à Montpellier.
Il appelle aussi à “donner plus de pouvoir au préfet” en matière de blanchiment et à “renforcer la politique pénale en cas de récidive” afin de pouvoir lutter efficacement contre le narcotrafic, réelle cause d’inquiétude des autorités françaises et locales.
Muscler les opérations “Place nette”
Les opérations coup de poings contre les lieux de deal baptisées “Place nette” vont d’ailleurs évoluer cette année, conformément à la volonté du nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Ce dispositif s’inscrira dans la durée et devrait bénéficier d’une meilleur coordination des services de police et de gendarmerie, bien que son efficacité soit remis en question par un rapport du Sénat. “Ce qui ne paye pas, c’est de ne rien faire”, argue le préfet héraultais pour répondre aux critiques, estimant que “la fermeté paye toujours”.
En 2024, onze opérations “Place nette” ont été menées dans le département (six en zone police, cinq en zone gendarmerie) comme à Béziers ou Montpellier. D’autres secteurs pourraient être visés dans l’année.
Corruption et consommation
Toujours sur les inquiétudes liées à l’expansion du narcotrafic et à une possible “mexicanisation” de la France, la corruption fait partie des menaces qui planent sur les services de l’État. “On est à la limite, confie le préfet. Beaucoup d’argent circule. Il faut être vigilant.” Pour lui, “il faut remettre des moyens sur les enquêtes qui concernent les trafiquants et leur patrimoine”, principalement la police judiciaire donc, afin de “toucher [les] au portefeuille” pour enrayer le trafic efficacement. Et de souligner avec insistance : “Les premiers responsables du trafic de stupéfiants, se sont les consommateurs”, occultant, comme toujours quand il s’agit de l’appareil répressif français, les raisons sociales de la consommation et du trafic de drogues.