Politique — Montpellier

Patricia Mirallès, municipales 2026 : “Avant d'imaginer une tête de liste, il faut avoir un projet” 

L’actuelle ministre déléguée à la mémoire et aux anciens combattants est la seule du gouvernement Bayrou qui vient d’Occitanie. La conseillère municipale d’opposition à la ville de Montpellier et au sein de Montpellier Méditerranée Métropole, anciennement PS et aujourd’hui macroniste, revient sur nouvelle nomination et sur ses ambitions politiques au niveau local.

Secrétaire d’Etat aux anciens combattants et à la mémoire entre juillet 2022 et septembre 2024, Patricia Mirallès avait été remplacée par Jean-Louis Thiériot pendant trois mois. Mais à la chute du gouvernement de Michel Barnier, elle a été rappelée le 23 décembre 2024 pour faire partie du gouvernement de François Bayrou, cette fois-ci pour être ministre déléguée, chargée de la mémoire et des anciens combattants. En parallèle, la femme politique native de Montpellier est toujours conseillère municipale d’opposition et ne cache pas vouloir s’impliquer pour les municipales de 2026 même si elle ne parle pas de se présenter.

Hérault Tribune : Vous faites partie du gouvernement Bayrou, renouvelée à votre poste à la mémoire et aux anciens combattants. Avez-vous été surprise d’être rappelée ? 

Patricia Mirallès : J’ai été surprise que ce soit aussi rapide, parce que mon successeur n’était là que depuis trois mois. Le Premier ministre Barnier m’avait dit qu’il aurait souhaité me garder mais qu’il avait besoin d’un équilibre politique. Je leur avais donc souhaité que ça puisse durer dans l’intérêt général. Et en même temps, en trois mois, on ne se fait pas oublier. J’étais restée en contact avec beaucoup d’anciens combattants et de blessés.  

Pourquoi avez-vous accepté de revenir à ce poste ?

PM : J’avais toujours dit à mes équipes que si un jour on sortait du gouvernement, ce n’est pas parce qu’on n’aurait pas bien fait notre travail, mais c’est parce que quelqu’un prendrait notre place. C’est ce qui est arrivé. J’ai donc accepté de revenir parce que j’ai des dossiers qui sont en cours, je les ai encore bien dans la tête, et que j’avais la sensation de ne pas avoir terminé ma mission.

Concernant l’espérance de vie de ce gouvernement. Est-ce que vous craignez qu’il y ait une nouvelle motion de censure lors du prochain vote de la loi de finances ?

PM : Je me dis qu’il faut qu’on donne un peu d’air à notre pays. Ceux qui sont pénalisés, ce ne sont pas le président de la République ni le gouvernement mais ce sont les chefs d’entreprise, les salariés. Un chef d’entreprise aujourd’hui, il ne sait pas s’il doit investir, s’il doit embaucher ou s’il doit dégraisser. On doit se stabiliser. J’espère qu’on va pouvoir faire voter un budget pour ne pas laisser sur la route les gens qui ont eu le courage d’investir en France et de donner du travail aux autres.

Quels sont les grands projets prévus pour 2025 au niveau de votre ministère ? 

PM : Pendant deux ans, j’ai impulsé un rajeunissement des associations nationales d’anciens combattants, qui sont tenues par ceux qui ont fait la guerre d’Indochine ou d’Algérie. Mon intérêt aujourd’hui, c’est d’inscrire aussi dans la mémoire l’histoire des opérations extérieures. C’est pour ça que j’ai besoin que les anciens combattants qui ont 30 ou 35 ans, qui ont fait Serval au Mali ou Barkhane dans le Sahel, ainsi que l’Afghanistan, rentrent dans ces associations pour mettre en avant l’histoire de ces opérations extérieures. 

Il y a tout l’enjeu des soldats qui reviennent du Sahel alors que l’armée française part de plusieurs pays africains…

PM : Beaucoup servent encore, d’autres ont décidé de ne pas reconduire leur contrat. Donc on a des jeunes qui ont 28 ou 30 ans dont on doit s’occuper parce que ce sont des personnes précieuses dans le monde civil. Ils ont servi et changent de profession, on doit valoriser tout ce qu’ils ont pu faire et les accompagner pour qu’ils puissent trouver leur place dans la société, que ce soit en tant que fonctionnaire, en tant qu’employé dans les grandes industries. Ils ont une vision et ils ont une adaptabilité de terrain par exemple pour être opérationnel lors de situation de crises climatiques, comme lors d’inondations ou de canicules.

Le 8 mai 2025 va marquer les 80 ans de la fin de la Seconde guerre mondiale. Qu’est-ce qui est prévu ? 

PM : La mission de la libération s’est engagée jusqu’à fin 2025. La prochaine date importante, c’est la libération du camp d’Auschwitz où le président Emmanuel Macron se déplacera. Et ensuite on célèbrera cette libération, en essayant d’être au plus près de ce qu’ont pu ressentir à l’époque les Français pendant ces temps si difficiles.

Vous êtes la seule ministre qui vient d’Occitanie. Vous avez dit à plusieurs reprises que c’était important que vous représentiez cette région. Pourquoi ? 

PM : L’Occitanie est la plus grande, sinon la deuxième plus grande région de France. Et je trouvais que c’était un peu le désert au niveau du gouvernement. Il faut que je puisse travailler en représentativité de ceux qui s’engagent, des maires de la plus petite commune aux grandes agglomérations. Je souhaite travailler intelligemment avec ceux qui ont besoin d’avoir des points d’accroche avec d’autres ministères. On est là aussi pour faire le lien entre les uns et les autres.

Vous êtes conseillère municipale de l’opposition à la mairie de Montpellier et vous siégez à la métropole. Quel rôle comptez-vous jouer au niveau local ?

PM : Je prends ma part sur les dossiers. J’ai créé un groupe qui s’appelle l’Alliance progressiste et républicaine pour Montpellier. Nous sommes sept, avec des courants différents. Je pense qu’il y a beaucoup de choses sur lesquelles il faut que l’on travaille à Montpellier. J’ai des désaccords profonds avec l’actuel maire : je n’ai jamais voté la gratuité des transports, je n’ai pas voté la ZFE telle qu’elle a été proposée par le président de la métropole.

Vous avez dit que « Montpellier est moins belle ». Comment faire pour la rendre plus belle ?

PM : Montpellier est passée de Montpellier la surdouée à Montpellier la sur-endettée. Quand on n’a pas d’argent, on ne peut pas dépenser. Les économies qui sont demandées aujourd’hui à tous les ministères et à l’État, sur la dette de l’État, chaque commune contribue à cette dette. Il faut faire des efforts, évidemment il ne faut pas qu’ils soient douloureux sur la solidarité, il y a des choses qui sont difficilement réductibles.

À Montpellier aujourd’hui, il y a beaucoup de travaux, beaucoup de gens en colère, beaucoup plus de pollution, beaucoup plus d’embouteillage. Les pistes cyclables ne sont pas de réelles pistes cyclables. Donc je voudrais un peu de sérieux, il avait été promis des mobilités douces avec quatre lignes de bus-tram. Mais on en verra la moitié d’une, parce qu’il n’y a pas l’argent. Donc je pense qu’il faut arrêter de faire de la com’ et qu’il faut se remettre au travail sérieusement.

Des élections municipales arrivent dans un peu plus d’un an, pensez-vous vous présenter ? 

PM : Avant d’imaginer une tête de liste, il faut avoir un projet. Et ce projet politique, il faut le construire. J’y travaillerai pour la ville, évidemment. L’implication au niveau de la métropole de Montpellier, je l’aurai. Après, je ne sais pas vous répondre. En 2022, si je vois mon ancienne famille politique qui me déteste aujourd’hui et qui a fait campagne contre moi en 2022, mais encore plus en 2024, pour s’allier avec LFI… je n’ai pas envie de partir avec des personnes qui m’ont trahie. Je garde mes valeurs de gauche, je suis très proche du président de la République, je l’assume. Je prends cher à chaque conseil municipal et à chaque conseil de métropole, où on n’oublie pas de me rappeler que je suis macroniste. Ils n’ont pas compris que j’étais fière de l’être, c’est tant pis pour eux.

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