Saint-Aunès : EcoMatelas recycle les matelas en fin de vie
Cette entreprise innovante à impact répond à trois grands enjeux économiques actuels : économie circulaire, pouvoir d’achat et forte dimension sociale et solidaire.
Que faire des matelas arrivés en fin de vie ? 5 à 6 millions de matelas sont jetés chaque année en France par des particuliers, sans filière de recyclage structurée. “Une grande partie est enfouie sous terre, ou incinérée. Aucune de ces deux solutions n’est viable d’un point de vue environnemental, sachant que la biodégradation d’un matelas dure un siècle”, explique Jérôme Adjedj, 33 ans, fondateur d’EcoMatelas, fabricant de matelas reconditionnés implanté à Saint-Aunès, à côté de Montpellier.
Créée en 2017, l’entreprise d’insertion, qui emploie 10 salariés, reconditionne environ 7 000 matelas par an, récupérés auprès d’hôtels, de distributeurs comme Conforama ou But, d’éco-organismes et de fins de série des fabricants de literie. Avec un chiffre d’affaires de 1,2 million d’euros cette année, la PME est rentable “depuis son premier exercice”, ajoute ce diplômé de Montpellier Business School, issu du monde… de la literie.
Une technologie brevetée de traitement contre les punaises de lit
Soutenue à hauteur de 200 000 euros par l’éco-organisme Valdelia, la Région Occitanie et l’Ademe, EcoMatelas a mis au point une technologie brevetée de traitement contre les punaises de lit. Le procédé, sans traitement chimique, intègre un système de nettoyage, de filtration et de stérilisation par UVC, ozone, projection de chaleur et aspiration, ainsi qu’une phase de recompactage. “À partir de deux matelas anciens, nous réalisons un nouveau matelas en coupant différentes tranches de latex et de mousse. Au final, la technicité est similaire à un modèle neuf, en termes d’accueil moelleux et de fermeté de soutien”, assure Stéphane Duponchel, 55 ans, associé et expert industriel des produits en fin de vie.
Cette technologie confère trois avantages : une productivité accrue, une désinfection bactériologie efficace, et la réduction de l’empreinte carbone et des coûts de production. Déjà certifié par Bureau Veritas, EcoMatelas vise une certification 14000, liée à la qualification environnementale.
Une alliance avec des acteurs du recyclage
Au site de reconditionnement actuel, situé sur le lieu du magasin de Saint-Aunès, viendra s’ajouter un second point de traitement de matelas, en Île-de-France, en 2023. L’ouverture de nouveaux magasins est par ailleurs prévue en 2024, notamment à Toulouse et Aix-Marseille. “La présence locale est importante, car une grande partie des acheteurs ont besoin d’essayer leur literie”, précise Jérôme Adjedj. La PME souhaite doubler, voire tripler sa production, en s’alliant avec des acteurs du recyclage. “Trouver des matelas de seconde main qui soient de bonne qualité n’est pas si facile”, confie-t-il. L’objectif consiste à se positionner sur des appels d’offres publics, pour approvisionner des marchés professionnels, émis par exemple par des Crous ou le ministère des Armées.
Un environnement législatif favorable
Outre des prix deux à trois fois moins chers que des matelas neufs, l’environnement législatif devrait pousser le développement d’Ecomatelas. “Avec la loi Agec (anti-gaspillage pour une économie circulaire), les acteurs publics ont l’obligation de privilégier le réemploi avant le neuf. Or, nous sommes la seule solution de matelas réemployé”, conclut-il.
EcoMatelas privilégie les ventes directes aux consommateurs. Parmi les quelques clients professionnels figurent des gîtes ou des écolodges. En cinq ans, cette société innovante et sociale, lauréate des Prix Initiative Remarquable Réseau France Active et du Prix de la TPE Occitanie en 2018, a reconditionné et vendu 80 000 matelas. L’objectif de chiffre d’affaires 2022/2023 (prévisionnel) s’élève à 1,7 M€.