Sète : focus sur Frédéric Perimon, invité des "Psychédélices" du MIAM
Les personnes qui ont déjà visité l'exposition "Psychédélices" au Musée International des Arts Modestes de Sète ont forcément été attirées par son installation, évoquant un laboratoire de chimie, qui trône au cœur de l'exposition. Rencontre avec l'artiste sétois Frédéric Perimon.
L’exposition Psychédélices, qui se propose d’exposer jusqu’au 9 janvier des expériences artistiques visionnaires menées par des artistes français, a été pensée par Pascal Saumade et Barnabé Mons. Elle démontre que bien avant la vague psychédélique qui a déferlé aux Etats-Unis dans les années 1970, les artistes français qui s’adonnaient aux délices et folies du LSD ont retranscrit par l’art leurs voyages psychédéliques dès 1965. Une expo pas politiquement correcte !
Une jeunesse psychédélique
Parmi les artistes sélectionnés figure le Sétois Frédéric Perimon. Avant d’évoquer ses œuvres présentées au MIAM dans le cadre de cette exposition, il raconte son expérience de vie psychédélique : “Quand j’étais jeune, dans mon milieu, il était de bon ton de s’embarquer dans des voyages excitants et périlleux. Par chance, je suis tombé sur le bon véhicule au bon moment, et j’ai vu la lumière, j’ai tutoyé Dieu… Je me suis glissé à travers les barreaux de cette grille de lecture qui nous sépare du vaste monde, et nous enferme dans cette vision parcellaire qu’on appelle « réalité »”.
Il nuance pourtant son propos : “Soyons clair, la drogue, c’est mal, ça fait mourir jeune, n’en prenez pas. N’empêche qu’une fois qu’on a vu, senti, vécu ses atomes vibrer à l’unisson jusqu’aux confins de l’univers, ça s’oublie pas. Il faut faire avec. Et donc, à l’âge où j’ai choisi ma voie, l’art s’est imposé comme une évidence. J’ai trouvé d’autres sources d’inspiration, j’en ai tiré le meilleur possible. Elles se sont taries tôt ou tard, m’obligeant à expérimenter encore et encore (ça tombe bien j’adore ça). Mais finalement, c’est devenu évident, ma progression me ramène à ces visions. Si c’est une régression, je l’assume, mais c’est surtout une jubilation. Aujourd’hui, les expériences chimiques, c’est sur mes toiles que je les fais”.
L’expérimentation artistique
On l’aura compris, Frédéric Périmon s’est assagi. Ce qui ne l’empêche pas de pratiquer un art “jubilatoire et régressif”, selon ses propres mots. C’est donc le plaisir de créer, voire de délirer artistiquement, qui le motive désormais pour chacune de ses créations. Lorsqu’il a réalisé une fresque murale sur l’île Saint-Martin, il “s’amusait” à peindre à l’aide d’élastiques imbibés de peinture, claqués sur le mur.
Pour l’exposition du Miam, il a réalisé entre 2020 et 2021 une série de tableaux accumulant des signes et recouverts de clous. “Pour ces œuvres, j’ai été inspiré par les blousons à clous, recouverts de patchs, des adolescents, avec leurs affirmations péremptoires et dérisoires”, explique-t-il. Cet adepte de la “peinture sans pinceau” dit avoir trouvé là une manière de peindre qui lui convient, et qu’il compte explorer pendant un bon moment.
Il se dit indépendant du sujet qu’il représente, car pour lui, l’expérience de création prime ; “cela m’enlève l’angoisse du choix du sujet”, explique-t-il. “Je fais de la figuration-abstraction”, analyse-t-il dans un sourire.
La jubilation lui vient aussi lorsqu’il donne des titres à ses œuvres : Ce qui brille, c’est la surface ; Pour bâtir haut, il faut creuser profond ; Il n’y a pas de virginité qui vaille l’expérience ; Le Voyageur est ce qui importe le plus dans un voyage ; L’Audace croît à l’expérience… Autant d’aphorismes qui pourraient être une philosophie de vie…
Une installation remarquée
Au MIAM, l’installation L’Idée de l’expérience ne remplace pas l’expérience de Frédéric Perimon représente un laboratoire de fabrication de substances illicites. Des liquides colorés fluo-phosphorescents circulent dans d’immenses tubes à essai dans un va et vient captivant. “Le commissaire Pascal Saumade m’a proposé de créer une installation, sachant que j’étais compétent en ‘voyages’. Mais je précise que je l’ai créée sans l’aide de la chimie. Il m’a fallu de longues semaines d’essais pour obtenir le rendu final”. Pour l’anecdote, l’artiste se rend au Miam tous les deux jours pour ajouter du liquide dans son œuvre.